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Dans le monde
Grèce : face à la pression du capital, quelle voie pour les travailleurs ?
Les grandes puissances et les institutions financières maintiennent leur pression sur le gouvernement grec. Malgré quelques concessions verbales, elles exigent que la population continue à payer.
Face à cela, le gouvernement de Tsipras essaie malgré tout de répondre à certaines des aspirations de la population, en remplissant une partie de son programme électoral.
Il a publié son projet de loi pour lutter contre la crise humanitaire, censé soulager les familles vivant en dessous du seuil de pauvreté. Il prévoit, pour 300 000 familles, le rétablissement du courant et la fourniture gratuite de 300 kilowattheures chaque mois jusqu’à la fin de l’année. Il propose une aide au logement de 70 euros par personne, jusqu’à 220 euros pour une famille de quatre personnes. 30 000 ménages seraient concernés. Enfin, des bons de nourriture seraient distribués à 300 000 familles.
Le gouvernement de Tsipras a ainsi mis en forme une de ses promesses électorales, après une fin de semaine où, suite à son accord avec l’Eurogroupe le 25 février, il a été contesté à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de son parti. À l’intérieur, au comité central, la motion de la gauche lui reprochant sa signature et le manque de débat préalable dans le parti aurait été approuvée par 40 % des membres. À l’extérieur, le Parti communiste (KKE) a appelé à une manifestation de protestation, le 27 février, devant le Parlement, en réclamant l’annulation des plans d’austérité, la sortie de l’Union européenne et de l’euro.
Le projet de loi devra être voté au Parlement pour entrer en vigueur et il devra être financé comme devront l’être les autres mesures, aux budgets plus conséquents.
Où trouver l’argent ? Dans la répression de l’évasion fiscale, qui est une des promesses du gouvernement ? Le ministre chargé de la lutte contre la corruption dit avoir dans sa ligne de mire 3 500 comptes de fraudeurs, d’un montant estimé à 7 milliards d’euros : il espère en récupérer 2,5 milliards d’ici l’été. Avec les comptes grecs en Suisse, les sommes échappant au pays atteindraient 120 milliards d’euros, mais principalement dans des fonds d’investissements auxquels, dit le ministre, la Grèce n’a pas accès.
Le gouvernement Tsipras mise aussi sur le versement de ce que les institutions européennes doivent au pays, mais elles exigent de superviser les mesures qu’il prend. Varoufakis, le ministre des Finances, devra présenter le 9 mars une série de réformes pour obtenir, au moins en partie, le dernier versement prévu par le précédent gouvernement.
Varoufakis dit vouloir faire payer les riches Grecs et a évoqué la possibilité de créer une taxe spéciale. Pour le moment, la pression des patrons grecs pour préserver leurs intérêts ne faiblit pas. Comme ils craignent le retour des conventions collectives, ils se dépêchent de modifier les contrats de travail, en menaçant de licenciement les travailleurs qui refuseraient de voir leurs horaires et leur salaire revus à la baisse.
Tsipras a répété que le chemin serait long et difficile, et qu’il faudrait lutter « jour après jour » pour imposer des changements. Force est de constater que la partie de son programme mise pour l’instant en attente est celle qui porterait directement atteinte aux profits privés, comme l’augmentation des salaires. Tsipras ne met en avant que des mesures acceptables par le capital international, avec lequel il est contraint de composer, mais aussi par la bourgeoisie grecque, qu’il pourrait pourtant contraindre.
Or seuls les travailleurs mobilisés peuvent créer un rapport de force qui fasse reculer ceux qui leur font payer la crise depuis des années. Qu’elle fasse ou non confiance à Tsipras, pour obtenir concrètement ne serait-ce que quelques améliorations de son sort, la population doit s’organiser. Les travailleurs ne pourront gagner qu’en se faisant craindre de ceux qui les affament pour préserver leurs profits, à commencer par leurs propres patrons.