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Marseille : Enseignants et parents mobilisés pour accueillir les ministres
Mardi 10 février, le premier ministre Manuel Valls et la ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem rencontraient personnel éducatif et élèves triés sur le volet au lycée Victor-Hugo de Marseille.
Ce lycée général et technologique, actuellement classé en éducation prioritaire, accueille des élèves des quartiers populaires du centre-ville. Les enseignants et parents qui réclamaient des moyens pour l'éducation étaient, eux, tenus à distance par un cordon policier.
La visite des ministres avait bien mal commencé la veille. Alors que le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve devaient annoncer, depuis la préfecture, la baisse des chiffres de la délinquance sur la ville, des tirs de kalachnikov avaient éclaté le matin même dans la cité de La Castellane, située dans le 16e arrondissement de Marseille. Ce n'était pas la première fois, mais ce jour-là, la cité fut rapidement bouclée par les forces de police, pendant que les habitants étaient confinés dans leur appartement, et les enfants dans leur école.
Mardi matin, les écoles de cette cité étaient fermées, les enseignants faisant valoir leur droit de retrait. Ailleurs dans la ville, d'autres se mettaient en grève pour aller manifester devant le lycée Victor-Hugo. Le collège Château-Forbin, situé dans le 11e arrondissement, à proximité du lycée professionnel où un jeune lycéen avait été tué à coups de couteau il y a moins d'un mois, était particulièrement mobilisé. Refusant que le collège sorte de l'éducation prioritaire, les enseignants avaient fait grève à plusieurs reprises en décembre et en janvier. Ce matin-là, les parents prenaient l'initiative de bloquer l'accès du collège, certains accompagnant les enseignants à la manifestation.
Pendant que les syndicats enseignants étaient reçus par des membres du cabinet du ministère de l'Éducation nationale à l'Inspection académique voisine, les manifestants entendaient bien se faire voir, et surtout entendre, de la ministre elle-même. Tous réclamaient une carte de l'éducation prioritaire élargie et des moyens supplémentaires. Car avec la crise, les quartiers populaires s'appauvrissent toujours plus, le chômage et la misère s'étendent. Pour les parents comme pour les enseignants, non seulement aucun établissement de ces quartiers ne devrait sortir de l'éducation prioritaire, mais bien d'autres auraient dû y rentrer et bénéficier de davantage de moyens !
Les parents des écoles « National », pourtant nouvellement classées en REP+, les réseaux d'éducation prioritaire les mieux dotés, étaient là pour rappeler que même là, les classes sont bien trop chargées et qu'il manque de nombreux instituteurs Rased (réseaux d'aides spécialisées aux enfants en difficulté). Sans compter que le volant d'instituteurs remplaçants ayant été réduit comme peau de chagrin au fil des ans, certains enfants restent sans classe pendant des semaines ou des mois.
Rejoints par des enseignants et des élèves du lycée Victor-Hugo, que l'administration du lycée préférait voir dehors pendant qu'elle recevait les ministres, les manifestants ont terminé leur rassemblement en reprenant les slogans des lycéens : « Moins de policiers, plus d'enseignants » ou « la ZEP pour qui ? La ZEP pour tous ! »