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Dans le monde
Arabie saoudite : Mort d'un tyran
La famille royale de ce pays compte 4 000 membres, qui vivent dans un luxe tapageur, dépensant sans compter et alimentant les industriels occidentaux aussi bien en commandes d'armement qu'en commandes de produits de luxe. Il est vrai que ce pays, l'un des premiers producteurs de pétrole, est une des principales sources de profits des groupes pétroliers. Il est vrai aussi qu'il s'est joint, au moins officiellement, à la croisade menée par Obama et Hollande en Irak et en Syrie.
Mais l'Arabie saoudite est aussi un des États les plus réactionnaires de la planète. Sa législation est inspirée par l'islam le plus rigoriste, les femmes se voient refuser le droit de conduire, mais aussi de travailler ou de sortir si elles ne sont pas accompagnées par un homme de leur famille. La police des moeurs, la fameuse Muttawa, dite « comité pour la propagation de la vertu et la prévention du vice » est chargée d'appliquer la charia, la loi islamique, qui condamne entre autres l'homosexualité et la « fornication », décrète l'arrestation de tout homme et de toute femme trouvés ensemble s'ils n'appartiennent pas à la même famille. Cette police surveille l'application des règles islamiques en matière d'habillement, en matière vestimentaire et alimentaire, s'assurant de la fermeture des magasins pendant la prière.
Dans ce pays, les décapitations sont monnaie courante. Selon l'AFP, 87 condamnés à mort ont été exécutés en 2014, 78 en 2013, ce qui place l'Arabie saoudite au troisième rang pour le nombre d'exécutions, derrière l'Iran et l'Irak.
Les aveux qui sont obtenus sous la torture font office de preuves et les accusations de sorcellerie ou de « corruption sur terre » peuvent être utilisées pour tout comportement déviant de la loi islamique.
La récente condamnation à mille coups de fouet, sans compter les dix ans d'emprisonnement et une amende de près de 200 000 euros, d'un bloggeur ayant osé critiquer le manque de liberté d'expression et le poids de la religion dans la société, est venue rappeler à quel point le régime est une dictature féroce à l'égard des opposants qui peuplent par milliers ses prisons.
Cela ne dérange visiblement pas les dirigeants des grandes puissances, en particulier des États-Unis qui ont fait de l'État saoudien un de leurs principaux alliés au Moyen-Orient.
La barbarie de ce régime n'a donc d'égal que l'hypocrisie des dirigeants des grandes puissances lorsqu'elles présentent leurs interventions dans la région comme motivées par la défense de la liberté et de la démocratie.