Antonutti-Delmas, Bezons : La lutte continue04/02/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/02/2427.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Antonutti-Delmas, Bezons : La lutte continue

Liquidation de l'entreprise, plaintes de PSA, menaces de sanctions contre des délégués CGT de PSA Poissy : pour le moment rien n'intimide les chauffeurs Antonutti, en lutte depuis presque deux mois.

Le 30 janvier, à la demande du procureur de la République, le tribunal de commerce de Pontoise a décidé la liquidation judiciaire de l'entreprise, avec poursuite de l'activité quinze jours. Ce n'est pas ce que voulaient les grévistes, chauffeurs sous-traitants qui livraient des pièces en juste-à-temps à l'usine de PSA Poissy pour le compte de Geodis, autre sous-traitant de Peugeot. Mais ils se sont sentis vengés du fait que le plan de reprise du patron a été rejeté, alors qu'il supprimait 66 postes sur 142, laissait les dettes à la collectivité et reniait son engagement à verser 35 000 euros net et 1 000 euros net par année d'ancienneté aux licenciés. L'expert du comité d'entreprise a révélé pour plus de 1 845 000 euros d'étranges sorties d'argent les deux années précédentes. Conclusion : la question de la banqueroute frauduleuse peut légitimement se poser.

C'est PSA, le plus puissant de ces donneurs d'ordres, qui a ordonné à Geodis de préparer le transfert en septembre 2015 dans l'usine de Poissy des préparations de pièces effectuées jusque-là à Achères, programmant ainsi la suppression du travail des chauffeurs d'Antonutti. Et Geodis a repris en direct le travail de livraison dès janvier 2015, cassant son contrat commercial sans reprendre les chauffeurs en même temps que l'activité, donc en toute illégalité.

Dès le début de leur lutte, les grévistes sont allés aux portes de PSA, Geodis et d'autres sous-traitants, afin de dénoncer les responsabilités de ces donneurs d'ordres pour lesquels ils travaillent parfois depuis quinze ans.

Teigneux, PSA a réclamé à la justice de condamner un délégué CGT Antonutti et deux délégués CGT de PSA Poissy, en inventant des blocages de l'usine qui n'avaient pas eu lieu. Mais le tribunal n'a reconnu ni l'urgence, ni la pertinence de sa demande, et en a repoussé l'examen au 12 février. Vexé, PSA a convoqué quatre délégués CGT de l'usine le 30 janvier pour sanction. Elle les accuse d'avoir occasionné la perte de production de 45 à 1 000 voitures, parce qu'ils ont affirmé leur solidarité avec les grévistes d'Antonutti. Cela fait cher la poignée de main et quelques mots d'encouragement sur un trottoir, ont rigolé les grévistes.

En s'attaquant ainsi à des militants, la direction de PSA cherche à décourager toute manifestation de solidarité entre ouvriers. Elle a aussi porté plainte auprès du procureur de la République contre les cinq délégués déjà cités. Elle voudrait les envoyer devant un tribunal pour rien moins que « tentative d'extorsion de fonds » ! Il n'est pas sûr que le procureur la suive sur ce terrain, tant l'accusation est ridicule.

Malgré ces pressions exercées par le patron de PSA, les grévistes d'Antonutti sont venus aux portes de l'usine de Poissy, faire signer une pétition de soutien et de protestation contre les menaces de PSA. Et ils ont trouvé la solidarité de 450 ouvriers de Poissy qui ont signé en quelques minutes. Le 4 février au matin, rassemblés devant un sous-traitant, les travailleurs ont encore dénoncé l'injustice qui leur est faite.

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