Procès AZF : Le jugement annulé !21/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2425.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Procès AZF : Le jugement annulé !

En septembre 2014, la cour d'appel de Toulouse avait condamné la société Grande paroisse (filiale de Total) et son directeur pour l'explosion de l'usine AZF. C'est ce jugement que la Cour de cassation vient d'annuler, en ordonnant un nouveau procès à Paris.

Pourtant les faits sont là. Jamais le travail des trois juges n'a été remis en cause sur le fond. Dans leur jugement en appel, ils ont écarté l'acte volontaire de manière certaine ainsi que toutes les pistes farfelues (météorite, bombe de la Deuxième Guerre mondiale, arc électrique, foudre, etc.) car elles n'ont aucune consistance scientifique.

Seul l'accident chimique explique la catastrophe. C'est le dépôt accidentel du contenu d'une benne de déchets, vingt minutes avant la catastrophe, qui en est la cause, « sans que subsiste le moindre doute ». Et ce scénario est le résultat de dysfonctionnements au sein de l'usine : absence de contrôle lors du lavage des sacs, stockage de sacs de produits incompatibles, manque de contrôle sur les activités des sous-traitants. « En agissant de la sorte, il y a eu faute caractérisée et grave. Le directeur a laissé se créer les conditions qui ont permis la réalisation du dommage. Il est pénalement responsable », avaient conclu les juges.

Mais cela, Total ne l'a jamais accepté. Ses avocats se sont donc pourvus en cassation en accusant de partialité la Cour toulousaine ( !). Et la Cour de cassation les a suivis sur ce point. Elle reproche en effet à un des trois juges d'appartenir à une association de défense des victimes, cette magistrate ayant été vice-présidente de l'Institut national d'aide aux victimes et de médiation (Inavem). Pourtant, la cour d'appel avait désigné les trois juges du procès AZF en pleine connaissance de cause, puisque la magistrate incriminée l'avait mise en garde contre cette éventuelle difficulté.

Au-delà de ces arguties juridiques, cette nouvelle décision montre que le pouvoir de Total est au-delà des lois et de la vraie justice. C'est aussi un blanc-seing donné à tous les industriels, à l'instar du groupe Total. Ils peuvent risquer la vie de leurs salariés et des riverains de leurs usines, la justice sera incapable de les condamner.

Quant aux sinistrés qui voudraient à juste titre tourner la page, c'est reparti pour quatre mois de procès, mais sans eux, à Paris. On ne peut mieux mépriser leurs souffrances.

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