Des milliers de nouveaux retraités n'ont toujours pas reçu le paiement de leur retraite par les Carsat (organismes régionaux qui chapeautent la CNAV), plusieurs mois après le dépôt de leur demande. Ces dernières semaines, les témoignages ont afflué sur les difficultés financières de ces personnes.

« Le versement de ma première pension devait tomber début juillet 2014... Cinq mois plus tard, je n'ai toujours rien reçu. » « J'ai pris contact avec la Carsat Centre six mois avant l'échéance. Les premiers échanges se sont bien passés... mais je n'ai toujours rien. Aujourd'hui je n'arrive plus à établir le contact, je tombe toujours sur un répondeur, j'ai envoyé une bonne dizaine de courriers... sans réponse. »

Une ex-cadre de l'Oise a déposé dès janvier un dossier pour un départ à la retraite le 1er avril. Elle a reçu un courrier lui indiquant qu'elle était dans les temps et dans les règles. Depuis, rien. Elle a dû contracter plusieurs crédits, jusqu'à ce que la banque les lui refuse.

Les directeurs et responsables des Carsat ont bien des explications à donner à ces milliers de retards : c'est la faute aux réformes de 2010 et 2012, qui ont provoqué un afflux de demandes, au papy-boom... Les raisons invoquées montrent surtout l'incompétence des directeurs, leur manque de prévoyance et, pire encore, l'aveu qu'ils connaissaient à l'avance ce qui allait arriver aux plus démunis : se retrouver sans aucune ressource pendant plusieurs mois. Ce même directeur a même eu le culot de retourner la faute... aux futurs retraités qui n'auraient pas « préparé leur changement de situation ».

C'est un fait, les caisses régionales croulent sous les dossiers et n'arrivent plus à sortir la tête de l'eau. La Carsat de Villeneuve-d'Ascq traite 7 000 appels par jour, contre 2 200 en temps normal. Début octobre, elle a même fermé les portes de ses agences pendant deux semaines, du 1er au 17 octobre, afin d'accélérer ses dossiers en retard. Son directeur demande aux employés de la caisse des heures supplémentaires. C'est l'ensemble des Carsat qui sont touchées, puisque bon nombre d'entre elles ne répondent plus au téléphone, ni même aux mails.

Et ce n'est pas près de s'arrêter. La CNAV ne voit pas de retour à la normale avant le printemps 2015. Elle a déjà supprimé 750 postes entre 2009 et 2013, et veut en supprimer autant d'ici 2017. Aucune embauche n'est évidemment envisagée. De simples bricolages, des transferts de dossiers d'une caisse à l'autre, sont évoqués.

Voilà où mènent les économies sordides sur le fonctionnement de la Sécurité sociale : à mettre à mal la situation des nouveaux retraités.