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- Lutte ouvrière n°2417
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États-Unis : Non-lieu scandaleux à Ferguson
Pourtant, les témoins directs du meurtre soulignaient qu'au moment des tirs mortels Michael Brown, qui n'était pas armé, avait les mains en l'air. L'enquête du grand jury n'est pas publique, et s'apparente à un procès secret : les membres ne sont pas connus, c'est le procureur qui diligente l'enquête. En l'occurrence, l'essentiel des éléments divulgués dans la presse justifient la décision du jury et reposent principalement sur le témoignage du policier. Les témoignages niant la légitime défense ont été récusés au prétexte d'erreurs.
La décision de ce jury a tout de suite suscité une vague de colère à Ferguson, où des émeutes ont éclaté, mais aussi dans tout le pays. Des manifestations ont ainsi éclaté à Los Angeles, Boston, Chicago et dans des dizaines de villes, aux cris de : « Pas d'impunité pour les lyncheurs de la police », « Les flics sont des meurtriers racistes », « Stop à la terreur raciste de la police », etc.
En août, le meurtre de Michael Brown avait déjà suscité une vaste colère. Aux États-Unis, les meurtres de jeunes Noirs par la police sont chose courante. Pour ne citer que quelques cas récents, le 17 juillet dernier à New York, un Noir de 44 ans, interpellé pour revente de cigarettes, mourait étranglé par un des policiers. Le 5 août, un Noir de 22 ans manipulait une arme pour enfants, un jouet, dans un supermarché de l'Ohio où ce produit était en vente ; un policier blanc l'a tué et a été relaxé. Samedi 22 novembre, un enfant noir de 12 ans, qui jouait dans un parc de Cleveland dans l'Ohio avec une arme factice, a été tué par les policiers, au motif qu'il n'avait pas répondu aux sommations. Chaque année, les policiers américains tuent au moins 400 personnes, dont une grande proportion de Noirs.
Derrière nombre de ces crimes, il y a le racisme des autorités américaines contre les Noirs et leur mépris des pauvres. Aussitôt rendue la décision du grand jury, Obama l'a justifiée, appelant au calme. Depuis qu'il est au pouvoir, les violences et les discriminations subies par les Noirs n'ont pas reculé, tant s'en faut. C'est contre ce racisme d'État, qu'Obama continue de protéger, que les protestataires de Ferguson et d'ailleurs crient leur colère.