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Leur société
Sonde spatiale Rosetta : Un exploit et une avancée scientifiques dans une société qui recule
Jeudi 12 novembre 2011, à plus de 500 millions de kilomètres de la Terre, la sonde spatiale Rosetta a largué le module Philae sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko. Cette prouesse due à l'activité de centaines de scientifiques, d'ingénieurs et de techniciens de plusieurs laboratoires et instituts européens montre de quelles prouesses les hommes sont capables à plus forte raison lorsque leur travail est dégagé de la loi du profit et que leur collaboration ne connaît pas les frontières.
Ce n'est pas la première fois qu'une sonde spatiale survole une comète. Des sondes avaient déjà été envoyées à la rencontre de la comète de Halley en 1986 pour la photographier de près. Mais la rencontre n'avait duré que quelques heures. Cette fois-ci, la sonde Rosetta, envoyée dans l'espace en mars 2004, a suivi une trajectoire longue de plus de 5 milliards de kilomètres, faisant 4 fois le tour du soleil, pour se trouver plus de 10 ans après sur une trajectoire très proche de celle de la comète Tchourioumov-Guérassimenko.
Durant ce long voyage, pour économiser l'énergie, les instruments conçus et réalisés avec une technologie d'il y a au moins 15 ans, ont été mis en sommeil. Et lorsque la sonde était au plus loin de la Terre, les scientifiques ont même coupé toute liaison avec celle-ci. Deux ans et demi plus tard, le 6 janvier 2014, ils ont repris le contact avec la sonde à l'endroit prévu.
Pour préparer le largage du module Philae sur la comète et commencer à en étudier la surface, la sonde Rosetta s'est mise en orbite autour de la comète pendant plusieurs mois, tournant autour de ce petit astre de 5 kilomètres de long. Après avoir repéré le meilleur emplacement pour l'atterrissage de Philae, la sonde Rosetta a alors largué son atterrisseur qui a chuté sur 20 kilomètres pendant 7 heures.
Les instruments à bord de Philae ont alors prélevé des échantillons de la comète, les ont analysés et les résultats de ces analyses ont été transmis sur Terre. Ces informations obtenues sont considérables. Comme toutes les comètes, Tchourioumov-Guérassimenko tourne autour du soleil depuis le début du système solaire, depuis donc 4,5 milliards d'années. L'étude des mesures effectuées permettra d'avancer dans la connaissance de la matière qui est à l'origine de la formation du système solaire et peut-être de découvrir si des molécules complexes jouant un rôle dans l'apparition de la vie sur Terre sont déjà présentes dans la matière cométaire.
Chaque nouvel exploit scientifique montre de quoi l'humanité est capable, et nous rappelle que le savoir accumulé et la compréhension scientifique sans cesse approfondie permettent d'envisager des choses toujours plus exceptionnelles. Exprimant son enthousiasme et en faisant allusion au centenaire de la Première Guerre mondiale, l'astrophysicien André Brahic a déclaré le jour de l'atterrissage de Phylae : « 2014, c'est tellement mieux que 1914 ».
Il est vrai que depuis 100 ans, la science n'a cessé de progresser, mais on ne peut pas en dire autant de la société. Par bien des aspects, autres que purement scientifiques, 2014 ressemble encore à 1914. Au regard du progrès scientifique, les tares de la société capitaliste actuelle n'en sont que plus révoltantes. Pourquoi est-il possible d'un côté de planifier plus de 10 ans à l'avance une rencontre avec une comète à plus de 500 millions de kilomètres, alors que de l'autre il semble impossible de planifier la construction de logements pour tous, ou la production de médicaments et de nourriture pour éviter les épidémies et les famines ? Pourquoi une telle prouesse dans un domaine et une incurie dans tant d'autres ?
Le problème n'est pas technologique, c'est un problème d'organisation sociale. Dans cette société capitaliste tout ou presque est soumis à la loi du profit, bénéfique pour une infime minorité, néfaste pour l'immense majorité. Tant que cette loi dominera, tant qu'elle s'opposera à toute organisation rationnelle de la production, planifiée en fonction des besoins de l'humanité entière, alors les plus grandes découvertes scientifiques continueront de côtoyer la pire barbarie.