À l'appel de plusieurs syndicats, des conseillers prud'homaux du tribunal de Bobigny, élus dans le collège salariés, ont décidé de faire une grève des audiences à partir du lundi 16 novembre. Ils comptaient ainsi manifester leur opposition à la réforme de cette institution engagée par le gouvernement et demander plus de moyens. En effet, cette même semaine, l'Assemblée nationale doit examiner un texte permettant la mise en place par simple ordonnance d'un nouveau mode de désignation des conseillers prud'homaux.

Institués au 19e siècle, les conseils de prud'hommes sont composés de juges non professionnels, élus pour cinq ans par deux collèges, l'un regroupant les salariés et l'autre les employeurs. Ces tribunaux constituent souvent le seul recours pour bien des travailleurs confrontés à un licenciement abusif, à des heures de travail non payées, bref à toutes les formes d'arbitraire patronal. Face à eux, pour statuer sur ce genre de problèmes, les travailleurs trouvent donc aussi des juges qui sont des travailleurs comme eux, des militants syndicaux qui connaissent la réalité du monde du travail.

C'est à cette particularité de la justice prud'homale que la réforme engagée entend mettre fin en supprimant l'élection des conseillers pour lui substituer un mode de désignation par les syndicats en fonction de leur représentativité.

Sous prétexte de « professionnaliser » la justice prud'homale, le ministre du Travail, François Rebsamen, entend mettre un frein à une juridiction qui protégeait encore un peu les travailleurs victimes de l'arbitraire.

Ce ministre « socialiste » s'apprête d'ailleurs à mettre en oeuvre une réforme dont l'élaboration a commencé il y a quelques années sous la droite. Bel exemple de continuité.