- Accueil
- Lutte ouvrière n°2416
- Migrants européens : Non au racisme social
Dans le monde
Migrants européens : Non au racisme social
« Coup d'arrêt au tourisme social ». C'est sous cette appellation, fausse et tendancieuse, que la plupart des médias ont commenté une décision de la Cour de justice de l'Union européenne. Cette cour a confirmé le droit des pays européens à ne verser des aides sociales pour des ressortissants européens qu'à certaines conditions restrictives.
Par exemple, en France, le droit pour obtenir ces aides est très encadré. Personne ne touche quoi que ce soit avant trois mois de présence. En dehors de deux prestations très spécifiques (l'AME - l'aide médicale d'État -, et l'hébergement d'urgence), les aides ne concernent que les étrangers en situation régulière. Pour les immigrés européens, les allocations familiales ne sont versées qu'à partir du moment où ils ont un travail. Dans le cas où ils seraient inactifs, par exemple les étudiants, il leur est imposé de disposer de ressources suffisantes et d'une assurance maladie. Les travailleurs détachés n'y ont jamais droit. De même, pour obtenir le RSA, les immigrés, même issus de l'Union européenne, doivent disposer d'un droit de séjour... qui lui-même n'est obtenu qu'en justifiant un travail en France !
Nombre d'associations d'aide aux étrangers pointent la lecture très restrictive des caisses d'allocations familiales ou d'assurance-maladie en ce qui concerne les conditions de séjour. De fait, elles écartent de nombreux citoyens de l'Union européenne, des Belges, des Allemands, des Portugais, alors qu'ils devraient y avoir droit.
Ces restrictions sont confirmées et confortées par la décision de la Cour de justice européenne : chaque pays européen a le droit de faire à peu près ce qu'il veut dans ce domaine.
Il n'empêche que l'extrême droite présente la décision de la Cour comme une victoire. Et c'est vrai que c'est un signal de plus pour tous les courants réactionnaires qui osent présenter l'immigration comme un fléau, comme la cause de tous les maux. À l'évidence c'est complètement faux. Un récent rapport de l'OCDE note qu'en Europe, les migrants contribuent plus en impôts et cotisations sociales que ce qu'ils perçoivent en aides. Ils ont un taux d'emploi supérieur à la moyenne, et perçoivent moins d'aide que les nationaux.
Parler de tourisme social, comme si la recherche de travail pour des immigrés était un loisir, ce n'est pas seulement une contre-vérité, c'est crapuleux.