La Confédération nationale du logement (CNL), une des plus importantes associations de locataires, a enclenché en justice une « action de groupe » contre le bailleur social privé 3F, qui gère près de 190 000 logements sociaux. La CNL dénonce les pénalités de 2 % du loyer que la société 3F impose aux locataires ayant un retard de paiement. Cette action pourrait concerner près de 480 000 d'entre eux.

En 2009, l'ancien 1 % patronal a laissé la place à l' « action logement ». Au fil des ans, la contribution des entreprises privées au logement social a fondu, si bien que les entreprises ayant plus de 20 salariés ne doivent plus désormais investir que 0,45 % de leur masse salariale dans le logement social.

Même diminuées, ce sont des sommes considérables, dont une partie importante est gérée par des bailleurs privés. Même si, sur le plan juridique, ces entreprises privées à but non lucratif ne peuvent pas distribuer de dividendes, elles ne font pas pour autant le moindre cadeau à leurs locataires. La société 3F appartient au groupe Solendi, qui est un des plus gros bailleurs. Il dispose de 20 filiales immobilières possédant au total plus de 250 000 logements, et contrôle plus de 12,4 % des fonds collectés au titre de l'action logement.

L'amende de 2 % que la société 3F s'autorise à infliger à ses locataires en dehors de toute décision de justice est révélatrice du comportement de ces bailleurs sociaux privés qui rackettent leurs locataires par le biais de charges d'habitation sans cesse à la hausse. Ils négocient par ailleurs des contrats de maintenance au rabais, comme pour les réparations d'ascenseurs, et expulsent bien plus que les offices HLM publics. Ces sociétés privées se comportent comme des vautours, et ce ne serait que justice qu'elles se fassent plumer.