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Leur société
Marseille : Contre le maire, les parents d'élèves mobilisés
Vendredi 5 septembre, plusieurs centaines de parents d'élèves ont manifesté à partir de midi avec leurs enfants devant la mairie centrale de Marseille, sur le Vieux-Port. D'autres ont organisé des garderies dans les écoles. Car l'école s'arrêtait ce jour-là... à 11 h 30, ou 13 h 30 pour les enfants mangeant à la cantine si les cantinières n'étaient pas en grève.
L'application de la réforme des rythmes scolaires a mis le feu aux poudres. Jean-Claude Gaudin, maire UMP de Marseille, jouant à l'opposant de la première heure à la loi, a décidé de regrouper sur la seule après-midi du vendredi les activités périscolaires, prévues au départ pour alléger chaque journée des écoliers. Après avoir polémiqué pendant un an avec le gouvernement et le ministère, il a cru bon de se poser en victime, en annonçant la veille de la rentrée scolaire, que les ateliers du vendredi après-midi ne pouvaient pas fonctionner, la mairie « n'ayant pas eu le temps » de recruter les milliers d'animateurs qualifiés nécessaires.
Le maire prétend aussi que cette réforme coûte trop cher. C'est vrai que les 7 millions d'euros d'aides de l'État, pour cette année seulement, ne compensent pas le coût des activités, estimé selon lui à 22 millions d'euros. Mais la mairie a su trouver l'argent pour financer le colossal chantier du Stade Vélodrome. Un rapport de la chambre régionale des comptes avait même dénoncé en 2013 un gaspillage de 93 millions d'euros sur ce chantier, pour le plus grand profit des Bouygues et consorts. Quant au recrutement des animateurs, qui peut croire que c'est un problème dans une ville qui compte des dizaines de milliers de chômeurs !
Devant l'incurie de la mairie, les parents se sont fait entendre haut et fort toute la semaine à commencer par le jour même de la rentrée, le 2 septembre. Gaudin avait pris soin pourtant d'apparaître dans une école d'un quartier privilégié, dans le 7e arrondissement de Marseille, suivi d'une nuée de journalistes. Du coup, les télévisions ont filmé en direct les parents qui l'interpellaient, et sa réponse méprisante à un père disant que la moitié de son salaire allait passer dans la garderie : « Occupez-vous de vos enfants ! »
Le mécontentement des parents, confrontés abruptement au casse-tête de la garde d'enfants du vendredi, en plus du mercredi, est unanime sur toute la ville. Il rejoint celui des cantinières, dont les tâches ne cessent de s'alourdir, puisqu'elles ont maintenant la charge de remettre les enfants à leurs parents après le repas. Bien que le syndicat majoritaire FO, proche du maire, n'y appelle pas, elles ont été nombreuses à se mettre en grève à l'appel de la CGT et de l'UNSA et 189 cantines sur 255 n'ont pu fonctionner le vendredi 5 septembre !
Dans cette première manifestation, on pouvait lire sur les pancartes ou entendre : « Gaudin, radin », « Gaudin, occupe-toi de la mairie », ou encore « Marseille 2014, l'école publique n'est pas capitale », allusion aux dépenses pour Marseille 2013 « capitale de la culture ». Les parents, qui s'organisent en collectifs, en associations, ayant prévu de remettre ça tous les vendredis, la mairie a déjà partiellement reculé, annonçant un accueil des enfants pour le 12 septembre. L'affaire est à suivre.