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- Lutte ouvrière n°2404
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Leur société
Patrons français : Requins parmi les requins
Chaque fois qu'une entreprise française est rachetée par un groupe étranger, c'est l'occasion d'un concert de plaintes chez les hommes politiques, de la gauche à l'extrême droite. Lorsque Alstom a été repris par General Electric, par exemple, tous ont entonné le couplet du patriotisme économique : « On ne peut pas se laisser dépecer comme cela. »
Ces jérémiades hypocrites ne donnent lieu bien entendu à aucune mesure susceptible de protéger les salariés des éventuelles conséquences de ces rachats, mais servent au contraire de prétexte à de nouveaux cadeaux aux patrons.
Dans cette période de crise, les capitalistes du monde entier consacrent des sommes énormes à se racheter les uns les autres. Faute de perspectives de croissance, ils se partagent et repartagent ainsi les sources de profit existantes. Depuis 2009, les groupes étrangers auraient racheté pour environ 100 milliards d'entreprises françaises. Sauf qu'à ce jeu les patrons français ne sont pas en reste ! Dans le même temps, ils auraient consacré 180 milliards à de telles acquisitions à l'étranger.
Sanofi a, par exemple, trouvé 20 milliards pour racheter un laboratoire américain. Schneider, Vinci, Lactalis, LVMH, Total... la liste est longue des groupes qui ont ainsi fait quelques emplettes qui se chiffrent en milliards. Le groupe Publicis aurait quant à lui raflé 80 sociétés de par le monde !
Les bonimenteurs qui font mine de s'inquiéter des achats étrangers en France applaudissent lorsqu'une entreprise française croque un concurrent étranger. Ils vantent les mérites de ces patrons « conquérants », pour invariablement conclure qu'ils méritent d'être aidés dans cette bataille. Peu leur importe qu'en parallèle les mêmes groupes enchaînent les plans de suppressions d'emplois, en France et ailleurs.
Les patrons français ne sont pas les victimes de la concurrence effrénée qui se livre à l'échelle du monde, ils en sont des acteurs. Et lorsqu'on nous peint cette situation, que ce soit avec des accents dramatiques ou des élans d'enthousiasme cocardier, c'est toujours pour essayer de nous convaincre que la bonne santé des profits exige, de la part des travailleurs, de nouveaux sacrifices.