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Union européenne : Selon Renzi et Hollande, l'austérité c'est la faute des autres
Cette présidence n'a aucun pouvoir, car tout ce que décide l'Union européenne est le fruit de tractations permanentes entre les plus grandes puissances qui la composent : l'Allemagne, la France, l'Angleterre et l'Italie. Mais pour le chef d'État concerné, c'est l'occasion de jouer pendant six mois au grand leader européen virtuel. Comme acteur particulièrement agité, on se souvient de Sarkozy en 2008 qui à l'en croire avait sauvé l'Europe de l'effondrement économique, de la guerre à l'occasion de la crise en Géorgie, et de bien d'autres fléaux encore. Dans un style à peine plus sobre, le dirigeant italien a repris le rôle, en disant que, toujours pour sauver l'Europe, il fallait que celle-ci « mette la croissance au coeur de son agenda ».
Si le mot « croissance » signifie que la production de l'ensemble des entreprises s'élargit en trouvant pour leurs produits de nouveaux marchés et en se mettant alors à réembaucher, cela, ni Matteo Renzi ni aucun chef d'État, aussi puissant soit-il, n'y peut rien. Tous le savent très bien : l'économie capitaliste n'est pas maîtrisable car elle est fondée sur la propriété privée et la recherche du profit maximum et immédiat de capitalistes concurrents.
En fait, en parlant de croissance, Matteo Renzi voulait surtout dire qu'il faudrait que les budgets des États, à commencer par le sien, l'Italie, soient un peu moins étouffés par le remboursement des dettes publiques. Évidemment, il n'imagine absolument pas de s'en prendre aux profits des banquiers pour cela. Il propose juste que l'Union européenne montre de la flexibilité en autorisant les États déjà très endettés à s'endetter encore plus. Face à lui se trouvent les dirigeants d'autres puissances comme l'Allemagne, qui craignent qu'un accroissement trop important de l'endettement de certains États européens ne retombe sur leurs propres finances en provoquant une nouvelle crise de la dette dans la zone euro.
Au-delà de ces aspects économiques, les gesticulations politiciennes de Renzi contre la rigueur budgétaire en en rendant responsable l'Allemagne rappellent des déclarations similaires de Hollande. Et elles ont les mêmes raisons.
Dans de nombreux pays, comme l'ont montré les élections européennes, diverses forces politiques ont réussi à détourner le mécontentement social en désignant comme responsable l'Europe, et en sous-entendant la politique imposée par l'Allemagne et sa chancelière Angela Merkel. C'est le cas en Italie avec la Ligue du Nord et avec l'ex-comique Beppe Grillo et son mouvement 5 étoiles. C'est le cas en France avec le Front national qui a fait campagne contre l'euro, mais aussi avec des partis et courants, dits de gauche, qui eux aussi ont développé une démagogie désignant l'Europe comme cible. Des chefs d'État ou de gouvernement comme Hollande et Renzi font de même, cherchant à se défausser des responsabilités pour la politique d'austérité qu'ils imposent chacun dans leur pays.
Que ce soit en Italie ou en France, l'austérité n'est imposée ni par l'Allemagne ni par l'Europe, mais par les banquiers qui prélèvent leur rente sur les budgets publics et devant lesquels les gouvernements s'aplatissent, au point de forcer toute la population à payer pour que ceux-ci puissent continuer à s'enrichir et à spéculer. Un Renzi ou un Hollande auront de plus en plus de mal à le faire oublier.