En vingt ans, selon l'étude faite par une mutuelle, le temps de la pause-déjeuner des salariés a reculé de 1 h 38 à 22 minutes et le nombre de salariés rentrant chez eux ou déjeunant à la cantine ne cesse de diminuer.

Entre 2009 et 2011, on avait mesuré que le nombre de personnes rentrant chez elles avait baissé de cinq points, passant de 34 à 29 %. Quant à la fréquentation du restaurant d'entreprise, le recul était de trois points, de 22 à 19 %. Cette évolution a entraîné pour certains un retour à la gamelle, devenue aujourd'hui une boîte plastique compartimentée, et surtout à des repas pris au poste de travail, voire debout devant le micro-ondes.

C'est l'intensification des rythmes de travail qui a eu raison de la traditionnelle coupure de midi, puisque certaines entreprises vont jusqu'à organiser des réunions de travail sur le temps de repas.

En quelques années, la pause-déjeuner est donc devenue une variable d'ajustement. Cela est lié aussi au fait que, dans le même laps de temps, la distance entre le domicile et le lieu de travail s'est allongée. Pour pouvoir quitter au plus tôt le lieu de travail, bien des salariés choisissent de sacrifier leur temps de repas.

N'importe quel nutritionniste dira que manger ainsi au « lance-pierres », voire ne pas manger du tout, est très mauvais pour la santé. Mais qu'importe, le patronat impose cette intensification et cette dégradation des conditions de travail.

Les spécialistes du stress au travail pourront toujours rappeler aux patrons que le salarié qui ne décompresse pas finit par perdre en concentration et donc en efficacité. Quant aux spécialistes de l'hygiène, ils ont mesuré qu'un bureau où l'on mange attire quatre cent fois plus de bactéries que des toilettes entretenues...

Voilà en tout cas quelques raisons supplémentaires de lever le pied et de prendre le temps de déjeuner. En tout cas d'essayer.