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Côte d'Ivoire : Comment Bouygues exploite les travailleurs
Les travailleurs commis à la construction du troisième pont, appelé « pont Henri Konan Bédié », reliant la commune de Cocody à celle de Marcory, sont en lutte depuis près de deux mois. Ils revendiquent des primes de fin de chantier.
La réalisation de ce projet est prévue dans un délai de vingt-sept mois. À force de travailler nuit et jour, souvent sous la pluie ou sous un soleil de plomb, les gros oeuvres sont presque terminés. Sachant qu'une fois le chantier terminé, comme c'est le cas dans le secteur du bâtiment, les travailleurs sont mis à la porte, ils revendiquent des mesures d'accompagnement. Au début, la direction a opposé un refus catégorique.
C'est le patron lui-même qui est venu dès les premiers jours de la grève dire aux travailleurs qu'il perd 100 millions par jour de grève. Cette idée les a encouragés à tenir fort, car il n'avait qu'à choisir entre perdre 100 millions ou discuter avec eux. Mais, comme tout bon bourgeois qui n'a que du mépris pour ses travailleurs, il a préféré faire intervenir la police pour briser la grève.
Ensuite, comme cela n'a pas donné les résultats escomptés, il a commencé par les tourner en bourrique avec des fausses propositions de les recaser dans d'autres structures de la place. Excédés de ses promesses vides mais aussi des menaces, les travailleurs ont décidé de durcir un peu le mouvement.
Mais, à force de débrayages et de blocages du chantier, les ministères, notamment celui de l'Intérieur, se sont mêlés du dossier. Ce dernier cherche maintenant à gruger les travailleurs, après avoir envoyé sa police et les avoir réprimés férocement, en mettant certains d'entre eux aux arrêts.
C'est ainsi qu'il était prévu de faire des actions d'éclat à partir du lundi 19 mai, mais le ministre de l'Intérieur a été informé par on ne sait qui. Et donc il a vite fait de recevoir les travailleurs ce jour-là très tôt.
En défendant ainsi les intérêts de Bouygues, ce ministre de l'Intérieur est absolument dans son rôle. Il est payé pour défendre les intérêts des possédants et réprimer les travailleurs non contents de leur sort. Tout le reste n'est que discours ! (...)
C'est dans ce contexte que ce ministre, prenant les travailleurs pour des naïfs, leur a demandé une « trêve » de 15 jours, soi-disant pour lui permettre de présenter au Conseil des ministres un plan de règlement du conflit. À l'en croire, selon son plan, chaque ouvrier percevra son salaire mensuel moyen multiplié par le nombre de mois passés sur le chantier. Le résultat de ce calcul sera versé à chaque travailleur, a-t-il dit !
Bien sûr, cela est possible, mais ne pourra être que le fruit d'un durcissement de la lutte et de la crainte, pour le gouvernement et le patronat, que le mouvement ne fasse tache d'huile ! C'est pourquoi les travailleurs restent vigilants tant qu'il n'y aura pas d'accord écrit et signé.