Kerviel et la Société générale : Une banque au-dessus de tout soupçon22/05/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/05/une2390.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Kerviel et la Société générale : Une banque au-dessus de tout soupçon

Juste avant que Jérôme Kerviel ne se constitue prisonnier, son ancien employeur, la Société générale, s'était fendu d'un communiqué rageur contre « la violence du tapage médiatique » orchestré par l'ex-trader. Et de rappeler que « trois juridictions de la République (tribunal de grande instance, cour d'appel et Cour de cassation) ont, à trois reprises et chacune collégialement, confirmé sans équivoque la responsabilité pénale exclusive de Jérôme Kerviel ».

Les décisions de justice constituent un paravent bien pratique pour les dirigeants de la Société générale. Elles protègent leur système. Les quelque 3 000 traders employés par cette banque en sont un des rouages majeurs. Kerviel en a été un des éléments, consentant et intéressé. Frédéric Oudéa, l'actuel PDG, en constitue un autre. Ce PDG, ancien conseiller technique de Sarkozy alors ministre du Budget entre 1993 et 1995, est ensuite passé à la Société générale comme responsable du département « banque de financement » à Londres, puis directeur financier, avant de prendre la tête de la banque à la faveur de l'affaire Kerviel.

S'il y a des traders et des PDG, c'est qu'il y a des actionnaires pour leur demander des comptes sur le résultat de leurs spéculations. C'est ainsi qu'Oudéa a présenté le 13 mai dernier son « plan stratégique à l'horizon 2016 », qui prévoit de « dégager 13 milliards d'euros de capitaux supplémentaires » par rapport à 2013. Sur ces milliards, combien iront grossir la spéculation ? Évidemment, cela reste dans la plus grande opacité ! En revanche, il est précisé que « 5 milliards d'euros seront réservés aux dividendes, avec un taux de distribution aux actionnaires de 40 % en 2014 et une cible de 50 % en 2015 et 2016 ».

Cinq milliards d'euros ? C'est la perte reprochée à Kerviel. Mais qu'une somme aussi monstrueuse puisse être dégagée pour aller grossir les bénéfices, dont la moitié devrait être distribuée aux actionnaires, c'est parfaitement légal et c'est même l'objectif déclaré de la banque. Mais là, la justice et Sapin, qui a parlé de l'escroc Kerviel mais pas de l'escroc Oudéa, ne trouvent rien à redire.

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