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Belgique : Élections sur fond de discrédit du gouvernement
Avec la division linguistique du pays, les circonscriptions électorales ont été conçues pour que les électeurs néerlandophones ne puissent voter que pour des listes flamandes et les électeurs francophones pour des listes wallonnes, même pour les élections européennes. Les chaines de télévision n'évoquent que rarement les événements de l'autre région linguistique et cela contribue à accentuer encore la division.
Dans leur compétition électorale, les partis se livrent donc dans deux langues à une surenchère de promesses : créer des dizaines de milliers d'emplois, baisser les impôts pour augmenter les salaires de plusieurs centaines d'euros, etc.
Ces promesses viennent après que le gouvernement fédéral sortant - une coalition présidée par le Premier ministre socialiste Di Rupo - a imposé les plus dures attaques contre la classe ouvrière : au blocage des salaires, aux attaques contre le régime des retraites, aux dizaines de milliers de chômeurs qui seront exclus de l'indemnisation, s'ajoutent les effets des 22 milliards d'euros de mesures d'austérité, qui se traduisent par des milliers de suppressions d'emplois dans les communes, la fonction publique, les hôpitaux...
Les différents partis participent à l'un ou l'autre des cinq gouvernements de coalition que compte la Belgique (fédéral, régions, communautés linguistiques) et assument la mise en oeuvre de ces mesures d'austérité. Leurs promesses suscitent donc de la colère et de l'écoeurement dans de larges secteurs de la population et des travailleurs. Cela pousse le Parti socialiste francophone, concurrencé sur sa gauche dans les sondages par le Parti du travail de Belgique (PTB), à tenter de recréer un climat de peur pour l'avenir de la Belgique, du fait des nationalistes flamands.
En Flandre, la défiance vis-à-vis des partis traditionnels s'est exprimée aux dernières élections par la croissance des votes pour le parti nationaliste, la NV-A, donnant même 38 % à Bart de Wever à Anvers. La NV-A est créditée de 33 % des intentions de vote dans les sondages, largement devant les partis « classiques », dont plus aucun n'atteint 20 %. En Wallonie, les partis d'extrême droite ont jusqu'à présent tous échoué à regrouper leur électorat sous une seule bannière, d'où l'éclosion de dizaines de listes d'extrême droite aux discours plus ou moins racistes, anti-immigrés et nationalistes wallons ou belges.
« À gauche de la gauche », comme il le revendique, le Parti du travail de Belgique (PTB) bénéficie aussi du rejet des grands partis, en particulier du Parti socialiste. Il avait eu plusieurs dizaines d'élus, en Flandre et en Wallonie, lors des élections communales de 2012 (toutes les élections sont à la proportionnelle). Les sondages le créditent de 8 % d'intentions de vote en Wallonie et à Bruxelles et il cherche maintenant à se présenter comme une alternative au PS, comme « la vraie gauche », dont les élus espérés proposeront « les bonnes lois », comme la taxe de 1 % sur les millionnaires... c'est-à-dire un genre d'ISF.
Cependant, dans sa campagne, le PTB ne fait guère référence à la classe ouvrière et à ses luttes. Quant à ses objectifs communiste et révolutionnaire développés dans les congrès, ses candidats évitent d'en parler publiquement. Si le PTB remporte un certain succès électoral, cela pourra traduire le discrédit des partis traditionnels dans l'électorat ouvrier, et tant mieux. Mais le parti qui permettrait aux travailleurs de s'organiser face aux attaques patronales et de donner une véritable perspective à leurs luttes, ce parti reste à construire.