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Continental : Pendant que les profits explosent Les salaires dégringolent
Le groupe a affiché pour 2013 un profit net de 2 milliards d'euros après impôts et provisions, auxquels il faut rajouter un désendettement qui, sur un an, a dépassé le milliard d'euros. Tout cela en a fait l'entreprise numéro un du DAX, la Bourse de Francfort, avec une action qui a grimpé de 82 % sur la seule année 2013.
Pour se récompenser lui-même du travail des dizaines de milliers de salariés, l'état-major de Continental ne s'est pas servi avec le dos de la cuillère. Le PDG Elmer Degnehardt a vu sa rémunération annuelle grimper de 8,1 %, passant à 3,981 millions d'euros. La DRH, elle, a vu son salaire de base augmenter de 12 % pour s'établir à 2,8 millions d'euros. Et c'est le chef de la division pneumatique, Nikolaï Setzer, qui bat tous les records en voyant sa rémunération annuelle passer de 1,967 million d'euros à 3,040, soit 55 % d'augmentation. Et tout cela sans compter la distribution d'actions qui accompagne ces « salaires de base ».
Pendant ce temps, les salariés en sont à compter les pertes. En France, après quatre années de retenues de plusieurs milliers d'euros sur le compte de la participation, « pour payer le plan social de Clairoix », les salariés de l'usine de pneumatiques de Sarreguemines ont subi une nouvelle retenue d'importance. Cette année, 4 000 euros leur ont été retenus « pour provisionner le paiement des indemnités du procès intenté par 700 licenciés de Clairoix », selon la direction.
Dans les autres usines de la branche dite « automotive », en particulier à Toulouse-Foix-Boussens, le montant de la participation est divisé par deux. Cela fait une perte minimum de 1 600 euros sur l'année précédente. À cela s'ajoute une escroquerie honteuse sur l'intéressement. À la suite de la grève des salariés de Foix, la direction avait annoncé qu'elle augmentait l'intéressement de 500 euros. Au final, l'intéressement sera le même que l'année passée, les 500 euros non versés permettant, selon la direction, « de rattraper la baisse qu'il aurait dû y avoir ». Comme provocation, il n'y a pas mieux.
Enfin, cerise sur le gâteau, les quelque 5 000 salariés de Continental en France se voient privés de la prime exceptionnelle de 900 euros donnée ailleurs, à la suite des résultats exceptionnels du groupe. Ce serait à cause du bénéfice de la participation donnée aux salariés de Continental en France... qui a justement dégringolé cette année. Là encore, difficile de faire plus provocateur.
Tout cela fait partie de ce que les travailleurs de Continental seront amenés à exiger en temps et en heure, mais cela montre comment un groupe richissime, avec des profits hors norme, se permet de baisser les rémunérations de ses salariés. Oui, la guerre de classe est bien en cours.