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- Lutte ouvrière n°2387
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Leur société
Plan d'économies dans la santé : Aux dépens des malades et des personnels des hôpitaux
D'après la ministre, une partie des économies, chiffrée à 3,5 milliards d'euros, serait obtenue « en baissant les prix des médicaments et en favorisant les génériques », c'est-à-dire en rognant les profits de l'industrie pharmaceutique. Malgré les cris d'orfraie poussés par les industriels du secteur, ceux-ci trouveront le moyen de tirer leur épingle du jeu, d'autant que tous les grands groupes pharmaceutiques produisent eux-mêmes des génériques au travers de filiales.
Mais en ce qui concerne le reste des économies, ce sont les malades qui, malgré les affirmations de la ministre, verront la qualité de leurs soins soumis à des exigences comptables. Ainsi évoquant un « meilleur usage des soins en évitant les actes inutiles ou redondants et la consommation de médicaments inadaptés », la ministre fixe un objectif d'économie chiffré à 2,5 milliards d'euros. Il y a tout lieu de craindre que, dans certains cas, ce sont des examens « utiles » qui seront repoussés au nom de la maîtrise des dépenses...
Dans le même ordre d'idée, Marisol Touraine a expliqué vouloir doubler le rythme de croissance de la chirurgie ambulatoire, qui permet aux patients de ressortir de l'hôpital après l'opération. « Dès 2016, une opération sur deux pourra être réalisée en ambulatoire », a-t-elle affirmé. Bien sûr, le progrès médical permet d'éviter aujourd'hui beaucoup plus qu'avant une hospitalisation mais en fixant aux établissements de santé un objectif d'économie de 1,5 milliard, dont « près d'un milliard pour la chirurgie ambulatoire », la ministre exerce une pression qui amènera inévitablement des gestionnaires d'établissements à ne pas considérer le bien-être des malades comme une priorité... Sans compter que cela s'inscrit dans la poursuite de la politique de suppression de lits dans les hôpitaux.
Enfin, et ce n'est pas le moins lourd de conséquences pour les patients, le plan prévoit 2 milliards d'économies à réaliser dans les hôpitaux. La ministre s'est contentée d'évoquer le « recours excessif aux médecins intérimaires » au coût trop élevé. Mais elle n'a rien dit du sous-effectif permanent et général dans les hôpitaux publics qui met en danger la santé des patients et qui rend les conditions de travail des personnels de plus en plus insupportables.
Ce sont des embauches massives qui seraient partout nécessaires aujourd'hui. Et c'est tout le contraire qui est à l'ordre du jour. Alors, inévitablement, ce plan d'économie programme une nouvelle dégradation des soins et de leur prise en charge par la Sécurité sociale, ainsi qu'une aggravation des conditions de travail des personnels des hôpitaux publics.