- Accueil
- Lutte ouvrière n°2387
- Le gouvernement et ses opposants de gauche : Même pas mal !
Leur société
Le gouvernement et ses opposants de gauche : Même pas mal !
Valls n'aurait plus qu'une majorité fragile, « il devra composer avec son opposition interne » disent-ils. Comme si Valls se souciait sérieusement des états d'âme des députés de son parti, lui qui s'est forgé une image et une réputation de marginal de droite au sein du PS, image qu'il cultive en permanence ; et surtout comme si sa majorité devait dépendre, automatiquement et exclusivement, jusqu'à la fin de la mandature, du soutien des seuls députés de gauche. Le gouvernement dit socialiste dispose d'éventuelles réserves... à droite. L'attitude des centristes et de certains représentants de l'UMP lors de ce vote vient opportunément le rappeler.
D'autres, ou les mêmes, soulignent que les élus socialistes récalcitrants auraient contraint Valls à mettre de l'eau dans sa piquette, l'obligeant à revenir sur une partie, très marginale certes, de son plan, celle concernant les petites retraites. C'est une façon de voir les choses, et du même coup de valoriser la contestation au sein du PS. Sauf qu'il est très exagéré de parler de recul du Premier ministre. En fait, Valls utilise un stratagème banal. Il annonce une amputation grave, puis revient sur des aspects parmi les plus choquants, mais à la marge sans rien changer d'essentiel.
Opération à multiples effets. Car Valls peut ainsi conforter son image, de politicien certes dur -- lui préfère dire déterminé -- mais pas insensible au sort des plus démunis. Ses opposants peuvent du même coup arguer que leur opposition a quand même payé. Sauf que, au final, les retraités les plus pauvres n'y ont simplement obtenu que de ne pas passer immédiatement à la casserole, avec le reste des classes populaires. Une bien piètre victoire qui ne mérite pas qu'on en fasse des gorges chaudes. Mieux vaudrait dire, d'ailleurs, une opération d'enfumage classique qu'on risque de revoir souvent, avec la complicité de ceux, syndicalistes ou parlementaires, qui sont prompts à nous expliquer que, grâce à eux, on a évité le pire.