Cliniques privées : Chantage à l'emploi20/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2377.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Cliniques privées : Chantage à l'emploi

Pour protester contre les prétendus avantages concédés aux établissements publics, les cliniques privées ont décidé « la suspension du plan d'embauche de 3 000 personnes en 2014 » et de ne plus prendre de stagiaires infirmiers à partir du 1er mars.

Comme ces stages sont obligatoires dans la validation des études et comme les cliniques accueilleraient un tiers des étudiants en formation, cette mesure aurait des répercussions graves.

Les patrons des cliniques privées font mine d'être les parents pauvres du secteur hospitalier et reprochent à l'État de financer à hauteur de plusieurs centaines de millions d'euros les hôpitaux en déficit pour leur permettre d'annoncer un retour à l'équilibre. C'est se moquer du monde que de se présenter comme des Cosettes. Les 1 100 cliniques privées du pays, qui assument 34 % de l'activité hospitalière, accueillent plus de huit millions de patients par an et sont rentables. Il est significatif d'ailleurs que le secteur privé soit dominé par des grands groupes capitalistes, comme la Générale de santé, numéro un européen du secteur, qui gère 110 cliniques avec 16 000 lits et 27 000 salariés et fait un chiffre d'affaires de plus de deux milliards d'euros.

Ces cliniques sont d'autant plus rentables qu'elles n'ont pas les mêmes obligations que le secteur public et travaillent en priorité dans des spécialités choisies. Ainsi le rapport de septembre 2012 de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales) indique qu'elles assurent 54 % des soins en chirurgie et même 68 % en chirurgie ambulatoire, des secteurs particulièrement rentables.

Les patrons des cliniques annoncent aussi vouloir saisir l'Autorité de la concurrence pour protester contre la prétendue position dominante des hôpitaux publics. C'est une mauvaise plaisanterie quand on sait qu'ils vont toucher 500 millions d'euros dès 2014 au titre du crédit d'impôt compétitivité, alors que les hôpitaux publics n'en toucheront rien, en tant qu'établissements à but non lucratif.

Les patrons des cliniques privées entendent bien rendre leurs cliniques encore plus lucratives. Pour cela, ils ne reculent même pas devant un chantage honteux sur l'emploi et la formation des élèves infirmiers. Pour eux, la santé est d'abord et avant tout une marchandise.

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