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Dans les entreprises
Mory Ducros : La grève continue
Les médias ont annoncé un peu vite la fin de la grève chez le transpoteur Mory Ducros, affirmant que les syndicats étaient satisfaits des dernières propositions d'Arcole industries.
Démarrée le soir du 27 janvier, la grève s'était étendue à de nombreux sites mercredi 29, malgré le chantage de la direction d'Arcole, à la fois repreneur potentiel et ex-propriétaire ayant mis l'entreprise en faillite, qui menaçait d'abandonner la reprise en cas de mouvements sociaux.
Devant l'extension du mouvement, le ministre Montebourg convoquait la direction d'Arcole, qui a fait quelques petites avancées, que certaines directions syndicales ont approuvées la nuit suivante : il y aurait 2 210 salariés repris au lieu de 2 150 (sur 5 000) et 50 sites conservés sur 85, au lieu de 48. Quant à l'enveloppe prévue pour les indemnités supralégales, elle passerait de 21 à 30 millions, dont la répartition n'est pas précisée. Mais une moyenne de 10 000 euros, c'est bien insuffisant pour pouvoir continuer à vivre correctement quand on a perdu son travail : « On ne veut pas partir avec une misère », disent certains.
Les grévistes sont très en colère contre les syndicats qui ont signé l'accord sans leur demander leur avis. À Saint-Priest, dans la banlieue lyonnaise, le lendemain, un syndiqué CFDT a brûlé symboliquement les drapeaux de la fédération CFDT des transports devant les caméras de télévision. Cependant, disent les travailleurs, la CFDT et la CGT Mory Ducros ne veulent pas de l'accord et les militants de base et les grévistes encore moins.
Aussi, bien que la plupart des sites aient levé les barrages le soir du 30 janvier, et malgré le chantage d'Arcole et les injonctions de Montebourg, certains sites ont continué la grève. C'est le cas de la plate-forme de Vénissieux qui va fermer avec, sur 168 salariés, seulement 27 reclassés à Saint-Priest, qui ne va lui-même garder que 47 emplois sur 103, alors que les deux plates-formes travaillent à plein régime. À Saint-Priest la grève, arrêtée le 30 janvier, a repris le 1er février. Les deux sites sont bloqués par les grévistes qui se relaient, dehors, jour et nuit, y compris le week-end, pour que les camions et les colis ne soient pas sortis en leur absence.
Au tribunal de commerce de Pontoise mardi 4 février, le PDG d'Arcole a exercé un chantage direct sur l'emploi des 2 210 travailleurs qu'il accepte de garder. Il a voulu monter ceux des travailleurs qui pourraient garder leur emploi si la CFDT apportait son soutien à la reprise partielle (FO, CFTC et CGC ayant déjà approuvé les licenciements), contre ceux qui seraient licenciés. Jusqu'à la dernière minute les militants CFDT de l'entreprise ont refusé ce chantage, mais il a été accepté par le représentant national de la fédération CFDT de transports.
Le ministre Montebourg qui a lui aussi, en coulisse, exercé des pressions sur les syndicats, s'est félicité d'avoir remporté une « victoire » car selon lui « 2 210 salariés, c'est mieux que si c'était zéro ». Et considérant que les 10 000 euros obtenus par la grève pour les licenciés sont une charge insupportable pour Arcole Industries, il lui a en plus annoncé un prêt de 17,5 millions d'euros, soutenant le patron de toutes les façons possibles.
En tout cas, les salariés ne veulent pas se laisser jeter dehors avec des miettes. Ils ont peu d'espoir d'empêcher les licenciements, mais ils veulent au moins obtenir de meilleures indemnités.