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Dans le monde
Argentine : Le retour de l'inflation
Après une période où ils niaient l'existence de l'inflation et écartaient toute dévaluation, les dirigeants argentins, sous la présidence de la péroniste Cristina Kirchner, ont finalement dévalué la valeur de la monnaie nationale, le peso, de 13 % par rapport à celle du dollar. Rien n'assure cependant que cette dévaluation sera suffisante pour stabiliser l'inflation. Tout indique plutôt le contraire.
Depuis une quarantaine d'années, l'inflation et, avec elle, la dévaluation de la monnaie locale, hier l'austral, aujourd'hui le peso, a empoisonné l'existence des classes populaires. On est encore loin des seuils atteints dans les années quatre-vingt (plus de 4 000 % !), puisque l'inflation atteint aujourd'hui 30 %, contre 18 % en 2010, mais les Argentins savent qu'elle a déjà fait tomber des gouvernements, comme celui du radical Alfonsin en 1989. Et ils se rappellent que si la braderie de l'économie nationale avait permis de l'éteindre dans les années quatre-vingt-dix, avec un peso à parité avec le dollar, cela avait débouché en 2001 sur un krach retentissant qui avait plongé plus de la moitié des Argentins dans la misère.
L'inflation a pour conséquence de faire fondre le pouvoir d'achat du peso et d'entraîner une hausse des prix, y compris sur des produits de première nécessité. Depuis décembre dernier, le prix d'un kilo de tomate a quintuplé sur certains marchés, tandis que le prix du ticket du métro de Buenos Aires augmentait d'un seul coup de 140 %.
À partir de 2004-2005, il y a eu une reprise de l'activité économique, des embauches de jeunes travailleurs. Depuis, les négociations salariales ont souvent entraîné des luttes pour les salaires. Celles de 2014 commenceront bientôt. Les directions syndicales demandent d'ores et déjà 30 % d'augmentation. Cela pourrait entraîner des luttes d'autant plus âpres que l'inflation est forte.
C'est aussi pourquoi un tribunal a décidé d'infliger à des travailleurs combatifs du pétrole, à Las Heras, des sanctions pénales inédites. Quatre d'entre eux ont en effet été condamnés à la prison à perpétuité parce qu'au cours d'une lutte en 2006 dans des affrontements entre la population qui les soutenait et la police qui les réprimait, un policier a trouvé la mort. Et cela alors que rien ne prouve que les grévistes en soient responsables. Mais l'État et le gouvernement entendent ainsi avertir les travailleurs qui prendront le chemin de la lutte qu'ils seront impitoyables.