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- Lutte ouvrière n°2374
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Région de Dunkerque : Les maires « éco-solidaires » et les profits de la Lyonnaise des eaux
À partir du 1er février 2014, la société d'HLM Partenord va transférer la facturation de l'eau à la Lyonnaise des eaux. À cette occasion, l'abonnement augmentera de 21 euros et le tarif du mètre cube passera de 1,01 euro HT à un tarif « éco-solidaire », variable selon la quantité d'eau consommée : 0,83 euro pour les 75 premiers m³, 1,53 euros entre 75 et 200 m³, 2,04 euros au-delà.
Il est bien prévu un tarif minoré à 0,32 euro/m³ pour ceux qui sont à la CMU, mais il ne s'applique qu'aux 75 premiers mètres cubes et ne tient pas compte du nombre d'habitants dans l'appartement. Et ce n'est pas le chèque « eau » (douze euros par habitant à partir du sixième habitant) qui compensera les augmentations. Au final la facture pourrait s'allonger d'une cinquantaine d'euros par an pour un couple avec deux enfants et encore plus pour une famille nombreuse, avec risque de ne pas pouvoir payer ou de devoir restreindre la consommation.
Ce tarif éco-solidaire a été décidé entre les maires des 27 communes appartenant au Syndicat de l'eau du Dunkerquois et la Lyonnaise, en octobre 2012. Le Syndicat de l'eau reconnaît que, pour « amortir le surcoût éventuel de cette nouvelle facturation », il n'est proposé aux consommateurs que la « diminution de la consommation d'eau ». Le contrat signé entre ces mairies et la Lyonnaise prévoit d'ailleurs des campagnes de sensibilisation aux « gestes verts » et autres « chasses aux gaspis ». Les autorités locales servent une morale écologique aux familles mais permettent à la Lyonnaise de les racketter encore plus.
Ce nouveau tarif a été discuté à un moment où le groupe Suez-Lyonnaise des eaux était mis en cause pour sa gestion : forte augmentation des tarifs, insuffisance des travaux sur le réseau, coût exorbitant de l'assainissement... La Communauté urbaine de Lille s'affrontait alors devant le tribunal administratif à la Société des eaux du Nord, filiale de la Lyonnaise, qui ne voulait pas restituer 138 millions d'euros prélevés en prévision de travaux, alors que ces travaux n'ont pas été effectués.
Avec ce tarif « éco-solidaire », le directeur général de la Lyonnaise des eaux, Philippe Maillard, a lui-même admis que cela permettra de « maintenir un équilibre financier durable entre les collectivités et nous ». Cet équilibre s'apparente à un racket qui permet au groupe Suez un profit de plus de trois milliards d'euros en 2013.
Il faut revenir à un véritable service public de l'eau contrôlé par les travailleurs et les consommateurs.