Les travailleurs des Fonderies du Poitou, Aluminium et Fonte, deux secteurs appartenant à Saint-Jean pour le premier et Teksid pour le second, sont de nouveau visés par une attaque des patrons. Ils fabriquent des culasses en aluminium et des carters en fonte pour l'automobile.

Au retour d'un mois de chômage partiel et de congés, la direction Saint-Jean Aluminium vient en effet de dénoncer, ni plus ni moins, l'ensemble des accords d'entreprise et usages acquis depuis trente ans. Elle entend remettre en cause les congés et tout ce qui, dans l'organisation actuelle du temps de travail, est plus favorable aux travailleurs que ce que prévoient la loi ou la convention collective. Le but, selon la direction, est de proposer des pièces à un prix compétitif à des clients potentiels. Aussi annonce-t-elle la couleur. Si les patrons veulent faire travailler plus longtemps, ils ne comptent pas augmenter les salaires, et veulent faire des économies sur le dos des travailleurs, en leur volant des congés divers tels que les ponts payés, des RTT, etc. Il s'agit d'augmenter le temps d'ouverture, ce qui se traduirait, pour les ouvriers, par une augmentation du nombre de jours travaillés à l'année, sans compensation. C'est inacceptable !

Bien sûr, les patrons de l'Alu prétendent que cette remise en cause des acquis sera négociée avec les syndicats, à partir du début février. Mais c'est d'une attaque qu'il s'agit, pas d'une négociation. Si elle veut baisser le prix des pièces, que la direction prenne sur ses profits ! Pour orchestrer tout cela, un nouveau directeur a été nommé à l'Alu. Il a déjà fait ses preuves à Cléon, où les patrons ont imposé un plan de compétitivité.

Il avait déjà fallu batailler, en 2011, contre la direction de l'époque (du groupe Montupet), qui voulait baisser les salaires de 25 %. Huit semaines de grève avaient été nécessaires pour exiger le retrait de ce plan de compétitivité. Aussi, si dans les ateliers les travailleurs attendent de voir les mesures concrètes que veut imposer la direction, la plupart ont conscience qu'il faudra se défendre. Les responsables de l'usine, qui dans une note de service avaient osé parler de compétitivité et de « difficultés qui sont l'occasion de souder les équipes », sont revenus en arrière en rédigeant une deuxième version de leurs voeux sans ces mots-là. Quelques jours plus tard, la direction a eu un bref aperçu du mécontentement des travailleurs lors de la présentation de ses voeux, en venant sonder leur état d'esprit dans les ateliers.

À la Fonte, le vice-président du groupe Teksid est venu annoncer une recapitalisation de 18 millions d'euros pour renflouer l'entreprise qui aurait, paraît-il, perdu de l'argent depuis des années. Cet argent frais permettrait de faire entrer dans la fonderie un nouvel actionnaire, qui serait paraît-il amené à devenir l'actionnaire principal. Comme quoi, le travail des ouvriers leur rapporte beaucoup d'argent. Et dire que, depuis des années, Teksid prétend travailler à perte. On voit ce qu'il en est, quand la direction trouve sans problème 18 millions.

Pour la direction, tout cela ce n'est pas assez : elle veut encore augmenter les cadences sur les lignes de montage et continuer d'imposer des salaires tellement insuffisants que les minima des grilles se retrouvent en dessous du smic. À la Fonte comme à l'Alu, les travailleurs n'ont pas à accepter ces nouveaux sacrifices !