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Leur société
Hollande le 14 janvier : La voix de ses maîtres patronaux
Hollande a consacré une grande partie de sa conférence de presse du 14 janvier au « pacte de responsabilité » déjà annoncé le 31 décembre.
Après le CICE, crédit d'impôt compétitivité emploi, qui rapportera au patronat 12 milliards d'euros de baisses d'impôt en 2014 et 20 milliards en 2015, il s'agit de « poursuivre l'allégement du coût du travail », en supprimant progressivement, d'ici à 2017, les cotisations des entreprises et des travailleurs indépendants à la branche famille de la Sécurité sociale.
C'est satisfaire une vieille revendication du patronat et c'est un cadeau de l'ordre de 30 à 35 milliards d'euros chaque année selon Hollande, soit de 10 à15 milliards de plus que le CICE si, comme il l'a laissé entendre, le nouveau cadeau pourrait remplacer l'ancien.
Autre cadeau, fiscal celui-là, mais pas chiffré : la « modernisation » de l'impôt sur les sociétés. Il s'agit de « donner de la visibilité aux entreprises », mais pas seulement de la visibilité puisque cette modernisation se traduira, notamment, par la suppression d'un certain nombre de taxes. Enfin, Hollande a confirmé sa promesse d'un « choc de simplification », sous la forme d'une simplification des procédures administratives, « coûteuses et parfois inutiles », destinée à « faciliter la décision »... des chefs d'entreprise.
Pour payer ces milliards d'euros donnés au patronat, a expliqué le président, il faudra faire des économies sur les dépenses de l'État et des collectivités locales à hauteur de 50 milliards d'euros sur trois ans. C'est annoncer un surcroît brutal de restrictions et d'austérité pour les services publics, la Sécurité sociale et en particulier l'assurance-maladie et les hôpitaux, particulièrement visés.
Hollande affirme qu'il n'y aura aucune augmentation d'impôt pour « les ménages ». Mais comment le croire ? Tous les cadeaux faits au patronat depuis son élection ont été financés par des impôts ou des taxes qui frappent la population laborieuse, à commencer par le CICE, financé par les augmentations de TVA qui s'appliquent depuis le 1er janvier.
En contrepartie des milliards de baisses de cotisations sociales, le patronat devrait s'engager à créer des emplois, explique Hollande. Mais s'il chiffre le montant des baisses de cotisations offertes au patronat, il ne chiffre pas celui de ces créations d'emplois. Et pour cause. Les patrons encaisseront les cadeaux, mais ne s'engageront à rien. Une fois supprimées leurs cotisations aux caisses d'allocations familiales, qu'est-ce qui les obligera à embaucher ? Et qu'est-ce qui les empêchera de continuer à fermer des usines et licencier des milliers de travailleurs ? Tout ce que prévoit Hollande, c'est la création d'un « observatoire des contreparties », auquel le Parlement, dit-il, sera associé, qui, donc, ne contrôlera pas mais, nuance, « observera » les créations d'emplois.
Les réactions à la conférence de presse de Hollande ont souligné, pour le saluer ou le condamner, son « tournant ». « Hollande a fait sa révolution » a même expliqué, sans rire, le journal Le Monde. Mais il n'y a aucun tournant. Hollande mène depuis vingt mois une guerre de classe contre les travailleurs. Ses annonces sont donc dans la continuité.
Il doit devenir clair pour tous les travailleurs qu'ils ont un ennemi déclaré à l'Élysée, et qu'il n'y a qu'une réponse à leur apporter : le combattre, lui, sa politique et celle du patronat qu'il représente.