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Turquie : Pinar Selek à nouveau menacée
Le 30 décembre, le gouvernement turc a demandé l'extradition de la sociologue féministe Pınar Selek, exilée en France depuis quatre ans. Depuis quinze ans, elle est poursuivie par les autorités judiciaires de Turquie dans le cadre d'une accusation fabriquée de toutes pièces, lui faisant porter la responsabilité d'un prétendu attentat à la bombe survenu en 1998 à Istanbul.
Arrêtée aussitôt après l'explosion, qui a depuis été attribuée à une fuite de gaz, Pınar Selek avait en fait été emprisonnée deux années durant à la suite de ses travaux sur les militants kurdes du PKK, et torturée pour obtenir les noms de ses informateurs. Le témoignage qui l'accusait ayant été obtenu lui aussi sous la torture, Pınar Selek a subi plusieurs procès et a été trois fois acquittée, sauf lors du dernier, en janvier 2013, où elle a été condamnée à la prison à perpétuité.
Elle a alors obtenu le statut de réfugiée politique en France. L'acharnement du pouvoir turc n'a pas faibli depuis, au contraire. Un tribunal d'Istanbul a émis l'été dernier un mandat d'arrêt international adressé à Interpol. Le soutien de la sociologue à ceux qui, en mai et juin derniers, manifestaient place Taksim à Istanbul contre le gouvernement Erdoğan, n'a évidemment pas été étranger à cette nouvelle attaque.
En réclamant aux autorités françaises son extradition, le gouvernement turc, actuellement secoué par une crise politique, montre qu'il n'a nullement l'intention d'affaiblir la répression menée contre tous ceux qui le contestent. À travers l'écrivain militante Pınar Selek, c'est toute opposition populaire à la politique de l'État turc qui est visée.