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Leur société
Hollande en Arabie saoudite : Au bonheur des armes
Les deux hommes d'État ont affirmé leur convergence de vue sur plusieurs problèmes diplomatiques du Moyen-Orient, à commencer par la Syrie. À ce propos, Hollande a tenu à affirmer que lui et le roi Abdallah partageaient « exactement la même position », tout en louant la « sagesse précieuse » de ce dernier. En retour, le roi d'Arabie saoudite, évoquant aussi la situation au Liban et les rapports avec l'Iran, a vanté « la position courageuse de la France sur ces principaux dossiers ». Le dirigeant de la République française est donc d'accord avec la politique de soutien aux groupes djihadistes les plus obscurantistes que mène l'Arabie saoudite en Syrie.
Mais tout, dans cette sollicitude réciproque entre le dirigeant d'une puissance impérialiste et un monarque d'une des dictatures les plus réactionnaires, a de quoi donner la nausée. L'oppression des femmes en Arabie saoudite est féroce. Elles sont considérées comme des mineures tout au long de leur vie, ont besoin de l'autorisation de leur père ou de leur mari pour se faire opérer ou encore voyager, conduire un véhicule leur est interdit (seul pays au monde où c'est le cas), et la lapidation y a encore cours. L'Arabie saoudite est également un régime terrible pour les travailleurs, et surtout les travailleurs immigrés. En novembre 2013, le régime a organisé une véritable chasse aux travailleurs étrangers dans la capitale, Riyad, qui a fait au moins trois morts, des dizaines de blessés et des centaines de travailleurs emprisonnés.
Mais en plus, le but de cet entretien était au moins autant les affaires que la diplomatie. Les milliards que ces richissimes roitelets du pétrole, comme Abdallah, aiment dépenser en luxe et armements divers aiguisent les appétits des grandes entreprises françaises. Concrètement, ce sont trois milliards de dollars que le régime saoudien entend prêter au régime libanais pour que celui-ci les dépense auprès des entreprises d'armement françaises pour équiper son armée. Selon le président libanais lui-même, Michel Sleimane, « il s'agit de l'aide la plus importante dans l'histoire du Liban et de l'armée libanaise ». Quelles conséquences cet afflux d'armes aura-t-il dans une région déjà déchirée par les conflits ? Hollande s'en moque.
Participer au chaos d'une région en appuyant les visées militaires d'une puissance locale ultra-réactionnaire, tout en remplissant les carnets de commandes des marchands de canons, c'est un résumé synthétique mais fidèle de la diplomatie française au Proche-Orient.