Chantier naval STX - Saint-Nazaire : Non au chantage24/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2369.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantier naval STX - Saint-Nazaire : Non au chantage

Le vendredi 13 décembre, le directeur général du chantier a convoqué au pied levé les organisations syndicales pour leur dire en substance : « nous avons la possibilité de conclure une commande de 2,4 milliards d'euros auprès d'un client. Mais nos prix ne sont pas en adéquation avec les prix du marché européen. Nos actionnaires nous demandent de les réduire de 30 millions. Sinon, la commande nous échappera. Vous avez jusqu'au mercredi 18 décembre pour vous engager par écrit à négocier un accord de compétitivité. »

Il se trouve que, outre des banques coréennes, l'autre actionnaire est l'État français qui détient un tiers du capital.

À l'appel de la CGT et de FO, les travailleurs de l'entreprise ont répondu à cette provocation patronale de la seule manière qui vaille : le mercredi 18 un débrayage a rassemblé la majeure partie des salariés au travail ce jour-là. Des centaines de travailleurs se sont regroupés pour dire non à cette deuxième tentative d'abaisser les salaires.

En juin, la direction avait déjà fait une première tentative pour imposer son accord dit de compétitivité. Douze jours de grève dans un des rares ateliers de production qui n'étaient pas au chômage partiel, ainsi que de nombreux débrayages rassemblant tous les travailleurs de secteurs qui se côtoient peu habituellement, l'avaient obligée à remiser son projet. C'est également la pression exercée par cette mobilisation large et déterminée qui avait forcé à la reculade les organisations syndicales comme la CFDT et la CGC, fortement tentées d'apporter leur caution à cette nouvelle dégradation des conditions de rémunération et de travail pour tout le personnel.

On était alors à la veille des élections professionnelles. Elles ont depuis confirmé la CGT comme premier syndicat de l'entreprise. Mais aujourd'hui, la CFDT et la CGC se sentant moins sous la menace d'une sanction électorale, elles ont rapidement accepté de discuter de la meilleure façon de passer à la moulinette tout ce qui, dans les accords d'entreprise, était supérieur à la convention collective et aux accords de branche. Il s'agit par exemple de « négocier » 20 minutes de travail supplémentaire et gratuit par jour, la révision à la baisse de nombreuses primes ou la modulation du temps de travail de 0 à 48 heures par semaine.

Le chantage du patron est clair : « Acceptez d'être moins payés ou sinon c'est la continuation du chômage partiel ou total. » Beaucoup d'ouvriers sortent d'une période de chômage de près d'un an et l'actuelle mise en chantier d'un paquebot géant assure du travail pour les mois qui viennent. Mais après, c'est l'inconnu. Comme le font tous les capitalistes actuellement, la direction des Chantiers se sert de la crainte du chômage pour tenter de dégrader toujours plus les conditions de travail et de salaire.

La majorité du personnel connaît les objectifs du patronat et sait que la direction dit ce qu'elle veut de la situation de l'entreprise et qu'elle est prête à tous les mensonges pour parvenir à ses fins. Mais la majorité du personnel sait aussi qu'accepter des sacrifices aujourd'hui c'est se mettre en situation d'en subir d'autres demain. La réaction massive des travailleurs de l'entreprise montre que les patrons sont loin d'avoir gagné.

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