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Dans le monde
Grèce : Chantage à l'expulsion des logements
Les envoyés de la Troïka, c'est-à-dire de la Banque centrale européenne, de la Commission européenne et du FMI, qui surveillent la façon dont le gouvernement grec extorque à sa population de quoi « mériter » chaque tranche du prêt européen, sont repartis sans accorder le milliard d'euros attendu depuis septembre. Parmi les prétextes invoqués, on trouve le refus du gouvernement de mettre fin au moratoire des expulsions pour dettes.
Depuis 2010, une loi gèle en effet les saisies immobilières quand il s'agit de la résidence principale, que la créance est inférieure à 200 000 euros et que les propriétaires ont prouvé leur incapacité à payer. Cette disposition a été votée pour trois ans et devrait donc disparaître le 31 décembre 2013.
En août dernier, Stournaras, le ministre des Finances, a entamé une campagne contre cette loi au nom du sauvetage des banques. Aujourd'hui, le gouvernement manie le chaud et le froid. Le secrétaire d'État au Développement a promis de continuer à protéger la résidence principale des économiquement faibles, sans préciser à partir de quel niveau il les considère comme tels.
En réalité, ce qui freine le gouvernement, c'est que plus de 70 % des Grecs sont propriétaires, que 150 000 personnes bénéficient de ce moratoire et que 80 000 autres le réclament. Il hésite sans doute à jeter à la rue, début janvier 2014, des milliers de familles que, en fidèle serviteur des financiers grecs et européens, il a contribué à ruiner. Même la porte-parole du groupe parlementaire de la Nouvelle démocratie, le parti de droite du Premier ministre, s'est exclamée qu'une telle mesure pourrait « déboucher sur une guerre civile ».
Les travailleurs grecs, les petits commerçants et artisans ont été littéralement écrasés par les mesures gouvernementales. Le chômage est à 27,4 %, 51,9 % pour les jeunes de moins de 25 ans, selon les chiffres officiels de septembre 2013, et trouver un emploi est une mission quasi impossible. Une offre de l'OTE, l'organisme de télécommunications, de 390 emplois de vendeurs et de techniciens payés au salaire minimum (580 euros brut), a vu affluer 18 000 candidatures. Les services publics, éducation et santé, sont dans un état inquiétant. Médecins du monde redoute une crise humanitaire, car 30 % des Grecs, soit 3 millions de personnes, ont perdu leur Sécurité sociale.
L'écrasante majorité de la population ne peut payer ni ses impôts qui augmentent, ni ses dettes aux banques : un toit est la seule chose qui lui reste, et qui doit lui rester.