Centrafrique - Rwanda - Quand l'armée française protégeait les auteurs d'un génocide18/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2368.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Centrafrique - Rwanda - Quand l'armée française protégeait les auteurs d'un génocide

Pour justifier l'intervention militaire en Centrafrique, François Hollande n'hésite pas à évoquer le risque de génocide, déclarant qu'il n'a pas voulu laisser se produire un nouveau Rwanda. C'est mentir sciemment en laissant croire que les centaines de milliers de Rwandais qui ont péri à l'époque auraient pu être sauvés par une intervention plus rapide de l'armée française. En fait, celle-ci était là depuis longtemps. Mais, loin de protéger la population, elle a armé le bras des tueurs, les a laissés commettre leurs massacres et les a même protégés dans leur fuite.

Au Rwanda, les intérêts de l'impérialisme français commandaient de maintenir au pouvoir la clique du président Habyarimana contre le Front patriotique rwandais (FPR) soutenus par l'Ouganda et l'impérialisme anglo-saxon. Sous le gouvernement socialiste de Michel Rocard, dans les années 1990-1991, l'armée française prit en charge l'armement et la formation de l'armée rwandaise. Elle fut complice des préparatifs que mettait en place le régime d'Habyarimana en vue de faire monter la haine contre la composante tutsi de la population. Certains de ses cadres furent associés à la création des milices qui perpétrèrent les premiers pogroms antitutsi. Lorsqu'en avril 1994, après l'assassinat du président Habyarimana, la fureur de son clan et de ses milices se déchaîna contre tous les Tutsis et les Hutus modérés, l'armée française laissa faire. C'est seulement lorsque l'offensive du FPR mit en déroute l'armée rwandaise que le gouvernement français et le président François Mitterrand s'émurent vraiment. Les troupes de l'opération Turquoise furent envoyées, sous prétexte de créer une « zone humanitaire sûre ». Elles sécurisèrent en fait un refuge pour les génocidaires en déroute. Ceux-ci purent ainsi continuer à semer la terreur dans les camps de réfugiés et dans les populations voisines, au Congo, faisant basculer la région du Kivu dans une guerre dont elle n'est pas encore sortie.

Le rôle joué par l'armée française dans le génocide rwandais démontre exactement le contraire de ce que voudrait faire croire François Hollande. Les troupes françaises, hier au Rwanda, aujourd'hui en Centrafrique ou au Mali, ne sont pas neutres. Derrière la couverture humanitaire, leur rôle est d'appliquer une politique décidée par le gouvernement en fonction des seuls intérêts de l'impérialisme. Cette politique consiste à choisir un camp contre un autre, quitte à augmenter encore le chaos dans lequel se débat la population.

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