L'OMC et l'Inde : La liberté des affameurs04/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2366.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

L'OMC et l'Inde : La liberté des affameurs

À partir du 3 décembre à Bali en Indonésie, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) réunit les ministres du Commerce de 159 pays. Il s'agit de tenter de finaliser un accord de libre-échange dont les termes se négocient depuis au moins dix ans. Peu de choses devraient sortir de cette grand-messe, si ce n'est quelques coups bas contre les pauvres des pays pauvres.

L'OMC a souvent été présentée par le mouvement altermondialiste comme responsable de la libéralisation des marchés. En réalité, cet organisme où tous les États, y compris les plus pauvres, ont formellement un droit de veto sur chaque négociation, n'est pas le canal privilégié par lequel les grandes puissances économiques imposent leur bon vouloir à la planète. L'OMC est un paravent qui voudrait masquer la brutalité de la domination impérialiste en tentant de faire croire que tous les pays seraient sur un pied d'égalité dans l'arène économique mondiale.

Même dans ce cadre multilatéral, l'OMC est d'ailleurs tout à fait capable de décisions odieuses. Ainsi, sous prétexte de libéralisation du marché international des denrées alimentaires, l'OMC s'oppose à ce que le gouvernement indien fasse des stocks de denrées alimentaires pour lutter contre la famine qui ronge le pays.

En effet le gouvernement indien a récemment voté une « loi pour la sécurité alimentaire » visant à stocker et subventionner des céréales (riz et farine) pour 800 millions de personnes vivant avec moins de 1,5 euro par jour, et dont la moitié vit même avec moins de 35 centimes d'euro par jour. Cette mesure, vitale pour ces centaines de millions de gens, est en réalité bien en deçà de ce qui serait nécessaire : le projet électoral initial du parti au pouvoir parlait de 35 kilos de céréales par ménage et la loi en prévoit finalement cinq fois moins. Mais c'est déjà trop pour l'OMC. Il s'agit, au nom de la liberté des marchés, de protéger les intérêts des financiers qui se livrent à la spéculation sur les prix des matières premières.

Le gouvernement indien a refusé de se plier au diktat de l'OMC, et on le comprend. Reste le scandale de la spéculation sur les matières premières alimentaires, par laquelle des groupes financiers déjà riches à milliards s'enrichissent en affamant les plus pauvres de la planète.

Partager