Chantier de la LGV Rennes-Le Mans : Sous-traitance à la chaîne et salaires au rabais04/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2366.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantier de la LGV Rennes-Le Mans : Sous-traitance à la chaîne et salaires au rabais

Le chantier de la future LGV (ligne à grande vitesse) qui doit relier Rennes au Mans est piloté par Eiffage, troisième groupe du secteur du bâtiment derrière Vinci et Bouygues. Mais la plupart des ouvriers du chantier ne sont pas directement employés par Eiffage. Sur ce chantier comme sur bien d'autres, c'est le règne de la sous-traitance à la chaîne, avec pour conséquence des salaires de misère.

Eiffage sous-traite par exemple la production des grandes pièces en béton armé, utilisées pour construire les souterrains et les ponts, à Matière, une entreprise auvergnate dont une usine est installée à La Gravelle, en Mayenne, à proximité du chantier. Matière se décharge d'une partie de la fabrication sur une entreprise allemande, qui elle-même confie la confection des armatures en acier à une entreprise lorraine, EMF, qui enfin fait appel à une agence d'intérim portugaise pour recruter ses ouvriers.

Les travailleurs recrutés au Portugal, eux-mêmes originaires de différents pays d'Europe de l'Est, sont alors « détachés » en France et travaillent à l'usine de La Gravelle. Mais, contrairement à ce que prévoit la loi, leur salaire est bien inférieur au salaire minimum pratiqué en France. Ils touchent 585 euros pour une durée de travail hebdomadaire de 40 heures... quand ils sont payés ! Ils se sont mis en grève le 26 novembre, car leur salaire d'octobre ne leur a pas été versé.

La fédération CGT de la construction a dénoncé cette situation révoltante auprès d'Eiffage, mais la direction du groupe s'est contentée de retirer son agrément à l'entreprise lorraine EMF. Elle a refusé de prendre en charge les ouvriers non payés, affirmant qu'elle n'était pas au courant et prétextant qu'Eiffage « n'est ni l'auteur, ni même le complice de la situation ». D'après la CGT, la situation n'est à ce jour pas réglée et la direction d'EMF menace de renvoyer les travailleurs pour en reprendre d'autres grâce à une nouvelle société d'intérim créée pour cela.

Généralement, la sous-traitance en cascade, avec des montages complexes faisant intervenir des entreprises de plusieurs pays, rend très difficile le contrôle des conditions de travail et de salaire pratiquées au bout de la chaîne, d'autant plus que les fonctionnaires chargés de ces contrôles sont en nombre notoirement insuffisant. Si le cas du chantier LGV Bretagne-Pays de la Loire a été porté à la connaissance du public, c'est parce que les travailleurs « détachés », honteusement exploités, ont osé se défendre.

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