Bangladesh : La longue lutte des ouvriers du textile28/11/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/11/une2365.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Bangladesh : La longue lutte des ouvriers du textile

Au Bangladesh, à la suite de nombreuses luttes des ouvriers du textile, une commission gouvernementale vient d'augmenter le salaire minimum du secteur de 29 à 50 euros par mois, soit une augmentation de 77 %.

Cette augmentation ne concerne que ceux qui touchent un salaire de base, pas les ouvriers plus qualifiés. Elle ne bénéficiera pas non plus aux précaires, ni aux travailleurs de la petite sous-traitance. Et même avec cette hausse, le Bangladesh demeure un des pays au monde où la main-d'oeuvre est la moins chère. Les salaires y sont inférieurs non seulement à ceux des pays riches, mais aussi à ceux de la Chine, du Pakistan, d'Inde ou du Cambodge. En outre, l'inflation est élevée, et les syndicats réclamaient un salaire minimum de 75 euros, ce que le patronat du textile refuse. Plusieurs milliers d'ouvriers ont donc manifesté, lundi 18 novembre, contre le nouveau salaire minimum. La police a ouvert le feu, tuant deux ouvriers et faisant une trentaine de blessés.

Au bonheur des firmes occidentales

En quelques années, le Bangladesh, qui a une longue histoire de production textile, est devenu un grand exportateur de prêt-à-porter, le second au monde après la Chine. L'habillement compte quelque 5 000 usines, où travaillent environ 3,6 millions d'ouvriers, principalement des femmes. Ce secteur compte pour 80 % des exportations du pays, soit 17 % du PIB. Le patronat local est intimement lié au pouvoir politique, quand il ne s'agit pas tout simplement des mêmes personnes. Députés et ministres sont issus du patronat de l'habillement et gouvernent donc à son profit. Mais les plus gros bénéficiaires de l'exploitation des ouvriers (et surtout des ouvrières) du Bangladesh sont les grandes firmes occidentales : H&M, Mango, Benetton, Disney, Walmart, Carrefour, Auchan, etc.

Une exploitation féroce

Les travailleurs du textile travaillent dans des conditions extrêmes : officiellement 48 heures hebdomadaires, avec un jour de congé, en réalité souvent 10 ou 12 heures par jour et sept jours sur sept. Les conditions de sécurité sont déplorables. Depuis 1990, au moins 31 accidents meurtriers ont eu lieu dans ces usines textiles, majoritairement des incendies, faisant plus de 1 700 morts. Le 24 novembre 2012, 112 ouvrières mouraient dans l'incendie des ateliers de Tazreen Fashions, alors que les issues de secours avaient été verrouillées. Le 24 avril 2013, l'incendie du Rana Plaza, un immeuble de confection dans la banlieue de la capitale Dacca, faisait 1 135 morts.

Mises en accusation, les grandes entreprises qui profitent de cet esclavage salarié ont alors signé un accord de prévention des incendies et de sécurité des bâtiments. Mais il s'agit d'un simulacre. Le 8 octobre dernier, un incendie d'usine à 40 km de Dacca a encore fait sept morts et cinquante blessés, car les normes de sécurité n'ont pas changé. Et une firme comme Auchan, dont des vêtements étaient fabriqués dans le Rana Plaza, se refuse toujours à verser la moindre indemnité aux victimes et à leurs familles.

Cela fait déjà plusieurs années que les ouvrières du Bangladesh se battent pour les salaires, la sécurité ou encore les congés maternité. En 2006 et 2010 déjà, d'importantes mobilisations avaient abouti à des augmentations. Après l'incendie du Rana Plaza, les travailleurs du textile ont mené une série de grèves et de manifestations pour l'indemnisation des victimes et l'amélioration de la sécurité. Contre l'exploitation sans limites et souvent mortelle dont ils sont victimes de la part des multinationales de l'habillement et du textile, les travailleurs du Bangladesh se battent.

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