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- Lutte ouvrière n°2363
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Dans le monde
Portugal : Les fonctionnaires contre l'austérité
Le 15 octobre le gouvernement a en effet annoncé son plan : faire passer à 40 heures l'horaire hebdomadaire de tous les fonctionnaires, qu'ils relèvent de l'État, des collectivités locales ou de la santé ; maintenir en 2014 la contribution extraordinaire de solidarité qui ampute de 10 % leurs pensions de retraite ; et réduire (provisoirement, dit-il) de 2,5 à 12 % les salaires supérieurs à 600 euros brut mensuel – ce qui montre le niveau des salaires portugais.
La grève semble avoir été la mieux suivie de ces dernières années, du fait sans doute de l'unité syndicale. Écoles, hôpitaux et tribunaux étaient à peu près totalement fermés dans tout le pays, ainsi que nombre de centres des impôts, de mairies et de services municipaux. Le plus visible a été la grève des éboueurs de Lisbonne, qui a laissé la ville encombrée de monceaux d'ordures. Les dirigeants syndicaux parlent d'un fort pourcentage de grévistes : entre 70 et 100 % chez les infirmiers hospitaliers, les enseignants, les greffiers des tribunaux. Sur les grilles des hôpitaux des banderoles proclamaient : « Contre le démantèlement de l'État », « Des droits durement acquis ne peuvent être volés ».
Ce mouvement n'est pas isolé. Depuis le lundi 3 novembre, les travailleurs des transports publics ont fait grève à tour de rôle : chemins de fer, bus urbains et interurbains, métros, navettes fluviales sur le Tage. Mardi 12, l'Association nationale des sous-officiers appelait les militaires à se rassembler à Lisbonne pour protester contre la faiblesse de leurs soldes et de leurs retraites. Le 21, le métro devrait prendre la suite, et le 25 le syndicat de la magistrature. Les actions ne cessent pas, mais dispersées et touchant rarement le secteur privé.
Les travailleurs du secteur public et parapublic ont certes été les plus mobilisés contre les plans d'austérité successifs, qui ont supprimé 173 000 postes de fonctionnaires depuis 2005, dont 28 000 ces douze derniers mois. Mais tous les travailleurs sont frappés, et c'est tous ensemble, privé et public, qu'ils ont la force de faire plier la bourgeoisie et l'État à son service.