Au moment où un rapport officiel fait état de la difficulté pour les femmes de recourir à une interruption volontaire de grossesse, le personnel de la maternité des Lilas, qui pratique chaque année 1 650 naissances mais aussi 1 200 avortements, est toujours dans l'incertitude quant à la reconstruction de la maternité sur la commune.

Alors qu'un terrain est déjà choisi et disponible, la décision de l'Agence régionale de santé (ARS) a été de suspendre ce projet et d'envoyer l'équipe médicale à l'hôpital de Montreuil (Seine-Saint-Denis), sur une surface qui ne correspond pas aux besoins de la maternité des Lilas. Depuis deux ans, le personnel a organisé de nombreuses manifestations, dont celle du 27 septembre 2013 qui avait réuni pas loin de 2 000 personnes aux Lilas. Depuis, le personnel, tout en faisant son travail quotidien, essaie de multiplier des actions, y compris médiatiques. C'est dire que la colère n'est pas retombée.

À la dernière réunion du comité de soutien, le 6 novembre, Marie-Laure Brival, médecin-chef et présidente du collectif de la maternité des Lilas, a exprimé l'opinion générale en disant : « Le silence est insupportable. » Elle s'en prenait par-là aux représentants de l'État. En effet ni Claude Evin, pour l'Agence régionale de santé, ni Marisol Touraine, pour le ministère de la Santé, n'ont donné de réponse aux demandes répétées du collectif.

Il en est de même pour l'étude demandée par l'ARS au professeur René Frydman. Cette personnalité médicale connue devait se prononcer sur la faisabilité du déménagement de la maternité des Lilas dans les locaux de l'hôpital intercommunal de Montreuil, en particulier dire si celui-ci est « adapté au projet médical de la maternité des Lilas ». À ce jour, les conclusions ne sont toujours pas connues, bien qu'elles aient été annoncées pour la mi-octobre. Ce rapport est-il favorable ou défavorable, seule l'ARS le sait... mais ne dit rien.

Dans sa campagne électorale, Hollande avait dit qu'il viendrait aux Lilas inaugurer la nouvelle maternité après la reconstruction. Il est aujourd'hui aux abonnés absents. À une lettre de Marie-Laure Brival, il a fait répondre par son chef de cabinet le 28 octobre qu'il informe Marisol Touraine, chargée du dossier, laquelle ministre est parfaitement au courant, d'autant que des salariés de la maternité des Lilas avaient campé sous ses fenêtres. Cela s'appelle se moquer du monde.

Après de nombreux débats, le collectif a finalement décidé d'une nouvelle manifestation, cette fois en direction de l'Élysée, à la fin du mois de novembre. Les présents à la réunion ont promis leur soutien, dont le maire socialiste des Lilas, les syndicats CGT et Sud, la Cadac, le PCF, les communistes libertaires et Lutte Ouvrière, ainsi que plusieurs associations de défense des hôpitaux.