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- Lutte ouvrière n°2363
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Dans les entreprises
La Redoute, Roubaix-Wattrelos : « zéro sur le carreau, dix ans de garanties »
Deux manifestations regroupant plusieurs centaines de salariés et exigeant des garanties de salaire lors de la revente avaient déjà eu lieu et avaient été ressenties comme un succès.
Dans la foulée de l'annonce du 29 octobre, deux assemblées générales se sont tenues, regroupant plus de 200 salariés dans les bureaux de Roubaix et 400 à l'usine de Wattrelos. Ces assemblées générales ont exprimé l'écoeurement face au milliardaire Pinault et ont approuvé l'idée d'une manifestation sur Lille la semaine suivante, manifestation appelée par tous les syndicats d'employés, CGT, CFDT et SUD.
Parmi les cadres, il y a eu débat : les responsables de la CFE-CGC refusaient de participer à la manifestation, mais la pression d'une partie des cadres et agents de maîtrise a été assez forte pour qu'ils se sentent obligés d'organiser un référendum parmi ceux-ci pour savoir s'il fallait ou non participer à la manifestation. Plus de 60 % ont dit oui, poussant la CFE-CGC à appeler à manifester, ce qu'elle n'avait jamais fait dans l'entreprise.
Dimanche 3 novembre, Martine Aubry a commencé à intervenir dans les médias pour dénoncer la « brutalité avec laquelle cela se faisait ». Ce ne sont apparemment pas les licenciements qui la choquent mais la manière dont cela se fait !
Jeudi 7 novembre était le jour de la manifestation. Dans tous les secteurs, l'idée était discutée de débrayer nombreux et de partir à la manif malgré le très mauvais temps. Ce sont finalement quatorze bus qui sont partis de Roubaix et de Wattrelos. La manifestation a été un succès, regroupant des ouvriers, des employés, des agents de maîtrise, des cadres mais aussi des salariés retraités de La Redoute ou travaillant dans des anciens secteurs de La Redoute désormais externalisés comme les Aubaines ou la Sogep. Sur les 1 200 manifestants, il y avait près de 900 salariés de La Redoute. Pour certains, c'était la première manif de leur vie, mais tous se sentaient forts du nombre qu'ils étaient.
À la fin de la manifestation, le principe d'une nouvelle action a été voté à l'unanimité. Après la manifestation, une délégation de vingt salariés, délégués ou non, a été reçue par Martine Aubry, à sa demande. Elle a répété qu'elle trouvait cela inadmissible et se proposait, elle et son cabinet, de s'occuper de tout. Il lui a été rappelé les exigences des salariés : aucun licenciement, aucun secteur externalisé dans la revente et dix ans de garanties de salaires assurés par Pinault. Un militant lui a fait remarquer que le mieux qu'elle puisse faire, c'était de demander à ses amis au gouvernement de faire une loi pour interdire les licenciements.
En attendant, la mobilisation doit continuer pour faire payer Pinault, multimilliardaire, qui a largement de quoi payer les exigences des salariés. Les travailleurs doivent se persuader que la seule force sur laquelle ils pourront vraiment compter, c'est la leur, à travers les actions et les grèves à venir.