Bien que l'État ait l'obligation de prendre en charge l'accueil et le séjour des demandeurs d'asile pendant l'examen de leur demande, le préfet a laissé cette situation perdurer pendant des mois et n'a pris les choses en main qu'à la veille d'un jugement d'expulsion que s'apprêtait à prononcer le tribunal saisi par le Grand Lyon. Il a décidé de réquisitionner, jusqu'au 1^er avril, une partie de la friche des ateliers voitures SNCF d'Oullins afin d'y faire installer une cinquantaine de bungalows avec eau et électricité. Un de ces bungalows servirait d'école pour les enfants et ce « village » serait clos et gardienné.

Mais à Oullins, le maire UMP s'oppose à cette décision, faisant feu de tout bois pour justifier sa position : le lieu choisi serait trop près du métro qui ouvre dans quelques semaines, et il a sur ce terrain un projet d'éco-quartier, dont il parle depuis longtemps mais dont personne n'a encore vu la moindre ébauche. Pourtant cette friche est disponible depuis plus de vingt ans ! Sur le ton de « Oullins a déjà donné », il explique aussi que 225 autres demandeurs d'asile sont actuellement hébergés dans un foyer Adoma et dans un hôtel, et que la commune avait déjà dû assumer un squat sauvage de 200 Roms dans une école désaffectée en 2009-2011.

Le maire fait mine aussi de s'inquiéter de la pérennisation de l'infrastructure prévue, au vu des dépenses engagées. Et de lancer une pétition « Non à l'installation des 296 demandeurs d'asile à Oullins », et une manifestation. Interviewé par Le Figaro, il s'en prend même au gouvernement Hollande « qui ne gère pas les politiques migratoires ». Apparemment, Valls n'en fait pas encore assez à son goût !

À l'approche des élections municipales, le maire d'Oullins a donc choisi de flatter les préjugés d'une partie de la population. Malheureusement ses concurrents ne s'en distinguent guère : les candidats du PS et du PS dissident ont affirmé, eux, que bien sûr, il fallait héberger les demandeurs d'asile, mais pas à Oullins ! Avec de tels défenseurs des droits de l'homme, les demandeurs d'asile ne sont pas prêts d'en trouver un.