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- Lutte ouvrière n°2359
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Leur société
Le PCF, Mélenchon et les municipales : Dans une même impasse
Mais, à l'approche des élections municipales, il semble que la tête et les jambes aient des intérêts immédiats divergents. Le PCF gère de nombreuses municipalités avec le PS et, outre ses six mille conseillers municipaux, il détient de nombreuses places dans les mairies, les intercommunalités et tous les organismes de gestion qui en dépendent. Il ne peut espérer les conserver qu'en bonne entente avec le PS.
Le Parti de gauche, celui de Mélenchon, n'a lui que très peu d'élus dans les territoires et vise l'élection d'après, les européennes, dans lesquelles il ne peut gagner des voix que contre le PS. D'où son intransigeance affichée d'aujourd'hui et son refus de participer à des listes d'union de la gauche au premier tour des municipales.
Sous les longues et filandreuses déclarations de la direction du PCF comme sous les affirmations péremptoires de Mélenchon se cachent donc à peine des calculs très immédiats.
Les militants du PCF qui se réunissent ces temps-ci pour décider de l'attitude de leur section dans l'élection à venir sont donc pris entre deux types d'arguments. D'une part, les municipalités de gauche, et particulièrement les élus et maires communistes, seraient une garantie pour les travailleurs, une défense, si peu que ce soit, contre la crise. Et cela justifierait les alliances avec le PS sur le plan local. D'autre part, il est évident que le gouvernement mène une politique contraire aux intérêts des travailleurs et il faudrait donc faire un geste politique pour s'en démarquer, ne serait-ce qu'au premier tour. Mélenchon et les siens affirment que les deux attitudes sont contradictoires. La direction du PCF prétend au contraire que les deux sont indissociables. Mais le fait est que les deux sont illusoires.
Les municipalités ont un pouvoir très limité pour aider les travailleurs et leurs familles. Elles sont encore plus démunies alors que la crise s'aggrave et que leurs moyens diminuent. Une « bonne » municipalité trouve encore pour l'instant des crédits pour, par exemple, faire rénover son théâtre et proposer des places bon marché à la population. Elle ne peut rien contre les licenciements, la hausse des prix, le saccage des services publics, la misère grandissante et le désespoir qui en découle.
Quant à la volonté de combattre la politique du gouvernement Ayrault, elle est purement verbale, avec ou sans listes communes aux municipales. Non seulement sur ce plan le passé du PCF et celui de Mélenchon parlent contre eux, mais la « vraie » politique de gauche qu'ils proposent se place dans le cadre du système économique et même sous l'autorité d'un Hollande qu'ils ont contribué à élire.
Parti de gauche comme PCF cherchent bien à prendre leurs distances d'avec la politique gouvernementale, l'un en refusant l'alliance avec le PS aux municipales, l'autre en mettant plutôt en avant les enjeux locaux de ces élections. Mais l'un comme l'autre, du fait de toute leur politique passée et présente, ne peuvent éviter d'être confondus, dans l'opinion, avec la gauche de gouvernement et d'en subir le discrédit.
Dans cette période de crise, les travailleurs ont plus que jamais besoin de militants, et d'un parti, qui indiquent clairement quels sont leurs intérêts et les objectifs à atteindre. Ce n'est pas du côté de ces deux partis qu'ils les trouveront.