Cette attaque est d'autant moins passée qu'il y a à peine un an la direction avait profité du déménagement dans un nouveau bureau pour faire une réorganisation sans le dire, alors même qu'elle réalisait une opération immobilière de plusieurs dizaines de millions d'euros. Deux cents postiers avaient alors débrayé et exprimé leur colère en prenant à partie le directeur.

Avec 27 emplois supprimés, les tournées seraient encore plus chargées. Il y aurait moins de facteurs susceptibles de remplacer les absents, les malades par exemple. La direction veut imposer que leur travail soit fait en supplément par les facteurs présents, le tri et la distribution de dizaines de kilos de courrier s'ajoutant alors à la tournée habituelle, sans compter les recommandés. Les repos sont aussi remis en cause, la direction voulant faire travailler trois samedis sur quatre une bonne partie du bureau, en échange de repos en semaine.

À l'origine, la direction voulait même supprimer 43 emplois. Pendant les semaines qui ont précédé la grève, plusieurs débrayages d'une centaine de postiers ont permis de faire embaucher en contrat à durée indéterminée (CDI) un jeune intérimaire en fin de contrat et aussi de récupérer plusieurs emplois. De 43 emplois supprimés on passait à 27. Mais c'était encore de trop, sans parler des repos en moins et de tout le reste.

Finalement, c'est plus d'une centaine de postiers qui se sont retrouvés lundi 30 septembre devant le bureau pour protester. La direction a multiplié les provocations, faisant venir un cordon sanitaire de cadres qui suivaient les grévistes dès qu'ils franchissaient l'entrée du bureau, jusqu'à les accompagner aux toilettes ! Elle a fait travailler des dizaines de salariés venant d'autres centres pour faire les tournées des grévistes. Certains cadres paraissaient un peu perdus dans leur nouvel emploi de facteur.

Devant cette attitude provocante de la direction, les grévistes ont reconduit leur mouvement quatre jours de suite. Puis, à une soixantaine, ils ont décidé de reprendre le travail.

Mais la réorganisation n'est pas faite, et les postiers de Paris 08 comptent bien mettre à profit le délai qui leur reste pour préparer une riposte encore plus nombreuse.