Criminels, les nervis d'Aube dorée le sont incontestablement. Avant Pavlos Fyssas, un migrant pakistanais était tué à coups de couteau dans le centre d'Athènes en janvier dernier. Sans issue aussi fatale, des centaines d'agressions violentes à caractère raciste ont été répertoriées en deux ans dans le pays, où la propagande nationaliste et anti-immigrés du parti est en cause, quand ce ne sont pas directement ses militants. Des réserves d'armes ont été découvertes lors des arrestations, côtoyant des objets et symboles nazis.

Groupuscule néo-nazi dans les années 1980, Aube dorée n'obtenait que 0,45 % des voix en Grèce aux élections européennes de 2009. La violence de la crise économique subie par la population du pays et la situation désespérée de millions de travailleurs précipités dans le chômage et la pauvreté sont passées par là. Le discrédit des politiciens du Pasok social-démocrate comme de la droite classique de Nouvelle démocratie a grandi. Aux élections législatives de juin 2012, Aube dorée obtenait près de 7 % de voix et 18 députés sur 300. Son fonds de commerce, c'est le racisme, la xénophobie, l'antisémitisme. Mais l'anticommunisme virulent et la haine des ouvriers organisés sont au coeur de son idéologie et de ses propos. Nostalgiques de la dictature des Colonels, distributeurs de soupe populaire « pour les Grecs seulement », les militants d'Aube dorée tentent de s'implanter dans les quartiers ouvriers du Pirée, et dans les communes voisines dévastées par le chômage suite à l'effondrement de l'industrie navale. À défaut, des agressions de militants syndicaux sont organisées. Début septembre par exemple, des militants du syndicat pro-communiste Pame collaient des affiches sur le chantier naval de Perama : neuf d'entre eux ont été blessés par des nervis d'Aube dorée armés de gourdins cloutés.

Jusqu'à présent, aucune suite n'avait été donnée aux plaintes déposées. Jamais les auteurs des agressions, même photographiés, n'étaient retrouvés. Aube dorée dispose clairement de soutiens au sein de la police, mais aussi à d'autres niveaux de l'appareil d'État. Et surtout, rien dans la politique de la coalition droite-Pasok au pouvoir ne cherche à s'opposer, concrètement, à sa démagogie anti-immigrés et anticommuniste, à ce qui peut faire progresser son implantation.

À ce titre, les arrestations des députés d'extrême droite semblent une réponse aux milliers de manifestants anti-Aube dorée du 25 septembre à Athènes et dans d'autres villes. Mais ni le nouveau projet de loi contre le racisme, « d'une valeur morale et symbolique », qui doit être présenté par le gouvernement Samaras, ni l'appel du parti de la gauche radicale, Syriza, à « un défilé pacifique pour défendre la démocratie » ne fourniront à la classe ouvrière grecque un rempart contre les dangers de la politique d'extrême droite.