L'affaire du bijoutier de Nice : La droite, l'extrême droite et leur démagogie sécuritaire26/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2356.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'affaire du bijoutier de Nice : La droite, l'extrême droite et leur démagogie sécuritaire

L'affaire du bijoutier de Nice qui a tiré sur ses agresseurs fuyant en scooter et tué l'un d'eux a fait beaucoup discuter. D'autant que le voleur mortellement atteint avait déjà été condamné à plusieurs reprises pour de petits délits et sortait de prison.

On aurait pu en rester à ce tragique fait divers et se demander simplement quel est ce monde dans lequel des petits commerçants sont menacés pour quelques centaines d'euros et s'achètent une arme, au risque de tuer ; quelle est cette société où un gamin de 19 ans, connu des services sociaux depuis longtemps, prend un fusil pour faire un casse minable, jouant avec la vie des gens et perdant finalement la sienne ?

On aurait pu en rester là sans les Estrosi, Ciotti, Le Pen et autres politiciens qui font leur publicité avec l'exploitation de tels faits divers. Une manifestation a été organisée pour Asoutenir@ le bijoutier. Christian Estrosi, député et maire de droite de Nice, et son compère Eric Ciotti, sénateur et président du conseil général du département, également de droite, s'y sont fait voir sous toutes les coutures, laissant clairement entendre que le commerçant s'était simplement défendu, quitte à tuer. Jean-Marie Le Pen a été encore plus direct, affirmant qu'il aurait fait la même chose.

Une pétition mise en ligne a permis aux préjugés les plus infects de se déverser sans retenue. De micros en plateaux de télévision, pendant quelques jours, on a pu voir Estrosi et les autres exiger plus de prisons, de condamnations, de surveillance, de répression. Et durant ce laps de temps, le petit voyou tué d'une balle dans le dos a pu apparaître comme le symbole de tout ce qui menace les petites gens, comme ce bijoutier de Nice devenu malgré lui l'exemple à suivre. Oubliés les licenciements, les quartiers pourris, la misère et même les petits commerçants ruinés, oubliées les fortunes insolentes construites avec la peau des travailleurs, oubliés les politiciens au service du capital. Il ne restait plus que le Abijoutier de Nice@ et les discours vengeurs et sécuritaires, glorifiant l'autodéfense aveugle et sans pitié.

Pourtant les appels à la violence des Estrosi de tous calibres ne dissuaderont aucun délinquant de passer à l'acte, pas plus que ne l'ont fait le durcissement des lois et l'allongement des peines, pas plus que ne le faisaient naguère la torture et l'exécution publiques des criminels. Rendre le monde encore un peu plus barbare n'est pas une solution. Mais les Estrosi, Ciotti, Le Pen et consorts sont prêts à le proposer, si cela leur rapporte des voix.

Cela leur coûte d'autant moins cher qu=après tout, ce sont toujours des pauvres qui se tuent entre eux.

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