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- Lutte ouvrière n°2355
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Roumanie : Ouverture d'une mine d'or Le gouvernement contraint de reculer face à la mobilisation
Ce n'était que le point d'orgue d'une mobilisation qui durait depuis une semaine, avec des manifestations quotidiennes à Bucarest, la capitale, et des milliers de personnes se retrouvant jour et nuit sur l'une des places centrales de la ville, la place de l'Université.
À l'origine de ce projet, une société canadienne, Gabriel Resources, ambitionne de mettre en œuvre l'exploitation de la plus grande mine d'or à ciel ouvert d'Europe, à travers une filiale, Rosia Montana Gold Corporation, qu'elle contrôlerait à 80 %, l'État roumain détenant les 20 % restants. Elle espère pouvoir extraire au total plus de 300 tonnes d'or et 1 480 tonnes d'argent, ce qui dépasserait la production de tous les pays de l'Union européenne. Les enjeux financiers sont donc considérables. Mais depuis plus de dix ans la mine d'or n'est toujours pas ouverte, tant elle suscite une hostilité importante dans une partie de la population.
Son exploitation nécessiterait en effet le déplacement de centaines de familles et la destruction partielle de quatre montagnes. Selon l'étude d'impact remise au ministère de l'Environnement, une telle exploitation nécessiterait l'utilisation, pour isoler l'or, d'environ 12 000 tonnes de cyanure par an, douze fois plus que les 1 000 tonnes annuelles utilisées dans les mines d'or d'Europe. Des chiffres qui ont de quoi inquiéter tous ceux qui se souviennent de la pollution au cyanure du Danube et de ses affluents engendrée, en 2000, par une fuite dans un bassin de décantation d'une mine d'or de Baia Mare, dans le nord de la Roumanie.
La société minière n'a pas ménagé ses efforts financiers pour mener des campagnes de communication et parvenir à isoler les opposants à son projet. Elle a déjà racheté environ 80 % des maisons de Rosia Montana. Depuis le début, le projet a bénéficié du soutien des dirigeants roumains successifs. Mais le pouvoir a dû tenir compte jusqu'à maintenant de l'écho important trouvé dans la population par les opposants.
Le Premier ministre actuel, avant d'être élu, avait promis pendant sa campagne électorale de stopper le projet. Mais fin août son gouvernement avait transmis au Parlement un projet de loi facilitant les expropriations et l'expulsion du dernier carré d'irréductibles de Rosa Montana, ainsi que l'obtention des permis nécessaires pour la mine.
Mal lui en prit, car c'est la menace de voir ce projet de loi adopté qui a relancé la mobilisation, lui donnant une nouvelle ampleur et obligeant le gouvernement à reculer.