En août, six migrants coincés dans la soute d'un camion frigorifique près de Calais avaient appelé au secours grâce à un portable. En juillet à Douvres, quinze migrants au bord de l'asphyxie étaient découverts dans une citerne de gluten. En juin, quatorze migrants étaient sortis suffocants d'un camion de poudre d'aluminium. Auparavant, huit autres avaient été interceptés sur un bateau pneumatique, à la dérive sur le détroit.

Au péril de leur vie, les migrants qui par centaines arrivent à Calais cherchent à gagner l'Angleterre où ils espèrent rejoindre leurs proches et trouver du travail. Leurs nationalités changent selon les tragédies qui marquent l'actualité internationale.

Du temps de Sarkozy, les migrants ont été traités de manière ignoble : il a fait fermer le centre d'accueil de la Croix-Rouge de Sangatte où ils trouvaient provisoirement un toit et un repas. Il a fait ensuite détruire leurs campements dans les dunes environnantes, les obligeant à errer en ville, pourchassés et souvent malmenés par la police. Beaucoup de militants des associations aidant les migrants espéraient que cela changerait avec la gauche. Mais ils vivent toujours dans des abris improvisés, des friches industrielles ou des bâtiments abandonnés.

Le gouvernement Hollande-Ayrault poursuit en fait la même politique, multipliant les contrôles de migrants, intensifiant la destruction de leurs hébergements de fortune.

Ainsi l'élimination des « squats » s'est poursuivie cet été, avec en prime l'hypocrisie des politiciens. La maire UMP de Calais, Natacha Bouchard, qui en juillet a sollicité auprès du ministre de l'Intérieur Manuel Valls l'accélération des procédures d'évacuation, a su se faire entendre. Le 5 septembre, c'est en prétextant « l'insalubrité » et « l'insécurité » que le sous-préfet a justifié son ordre d'expulsion d'un hangar occupé par 90 migrants, expliquant que les conditions de vie y étaient épouvantables. Mais cette traque policière amplifie les souffrances des migrants tout en ne faisant que déplacer le problème. Et le sous-préfet s'est vanté d'avoir fait évacuer les lieux « dans le respect de la dignité humaine » : certes la police ne les a pas matraqués ni ne leur a lancé de gaz lacrymogènes, et elle les a autorisés à prendre leurs affaires quand elle les a délogés... avant de les arrêter un peu plus tard. Quelle humanité !

Les milliers de migrants qui fuient leur pays le font chassés par la misère, la dictature ou la guerre, et des pays impérialistes comme la France en sont les premiers responsables. Hollande et ses semblables jouent les va-t-en guerre contre la dictature en Syrie en prétextant un but humanitaire... mais ne veulent même pas offrir un toit ici aux réfugiés syriens qui fuient la guerre civile.