Le président des patrons a parlé18/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2355.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Le président des patrons a parlé

Débarqué dans l'affaire syrienne par les Américains et les Russes, Hollande s'est rabattu, le soir du 15 septembre, sur une interview de Claire Chazal sur TF1. Il a ainsi pu faire, longuement, son autopromotion de chef de guerre. Outre que l'accord signé entre les États-Unis et la Russie ne met pas fin à l'atrocité de la guerre en Syrie, il montre que le zèle belliqueux de Hollande n'était que pitoyable gesticulation destinée à le placer sur la scène internationale.

Pour le reste, Hollande n'a fait que radoter les mensonges patronaux. À la journaliste qui rappelait que 500 000 emplois ont été détruits en un an, et qui demandait comment changer les choses, Hollande a répondu : compétitivité !

À la question de savoir comment renouer avec la croissance, Hollande a répondu : compétitivité ! Au problème de la fiscalité qui pèse de plus en plus sur les travailleurs et les plus modestes, Hollande a répondu : compétitivité !

Hollande n'a parlé ni des salaires, ni des retraites, tant les problèmes des travailleurs ne sont pas les siens. Mais s'il en avait parlé, il y a fort à parier qu'il aurait répondu : compétitivité !

Oui, Hollande est bien le président des patrons !

Dans les entreprises, les patrons ne disent rien d'autre. Au moment même où le PDG du groupe Peugeot-Citroën expliquait « le pire est derrière nous », il annonçait un plan de compétitivité avec suppression de primes, baisse de majorations, gel des salaires, mobilités forcées et... nouvelles suppressions d'emplois ! La direction dit vouloir faire 100 millions d'économies. Cela veut dire prendre au moins 1 000 euros par salarié et par an.

Alors, « le pire est peut-être passé » pour les grands actionnaires, pour le grand patronat, pour le gouvernement ; mais pour les travailleurs, il est à venir, s'ils se laissent faire.

Hollande table sur un redémarrage de l'économie, mais cela ne l'empêche pas de faire les poches des travailleurs, avec l'augmentation de la TVA au 1er janvier prochain, avec l'augmentation des impôts pour les salariés et retraités modestes, avec la suppression d'avantages sociaux.

Cela ne l'empêche pas d'attaquer les retraites, de remettre en cause le droit élémentaire des travailleurs à profiter un peu de la vie après des années de travail dans des conditions de plus en plus dures. Cela ne l'empêche pas de prévoir des coupes drastiques pour les hôpitaux et autres services publics.

Alors nous sommes prévenus : si reprise il y a, elle sera pour la compétitivité, c'est-à-dire pour les affaires, pour les profits et pour les plus riches.

Le grand patronat a profité de la crise pour aggraver l'exploitation. Avec la complicité du gouvernement et au nom de la compétitivité, il a fait reculer les salaires et les droits des travailleurs des années en arrière, les transformant en main-d'œuvre malléable et corvéable. Avec la crise, le grand patronat a pris l'avantage ; il ne le lâchera qu'à condition que les travailleurs se battent pour leur dû.

Aujourd'hui, revendiquer un CDI, une retraite pleine et entière, à 60 ans avec 37,5 annuités de cotisation, un salaire digne de ce nom, est taxé d'utopie. Ce qui existait il y a vingt ans est devenu... utopique. Voilà le bilan de l'économie capitaliste et de la compétitivité ! Alors non, la compétitivité n'est pas l'avenir, c'est le passé : c'est l'exploitation, le travail à la tâche, les salaires de misère.

La concurrence économique, la baisse du coût du travail, la défense des marges patronales, sont les raisons d'être des capitalistes, leur façon de fonctionner, c'est la base de leur enrichissement. Que le gouvernement socialiste les reprenne à son compte ne doit pas nous étonner, il est dévoué corps et âme aux capitalistes. Mais les travailleurs n'ont rien à gagner à marcher dans ce système.

Les travailleurs doivent faire entendre leur propre voix, leurs intérêts d'exploités. La priorité et l'urgence pour les travailleurs, c'est la fin des licenciements, l'embauche partout où le personnel manque, partout où la cadence de travail et les horaires sont devenus insoutenables. La priorité des travailleurs, c'est l'augmentation des salaires et la sauvegarde de leur pouvoir d'achat.

Gouvernement et patronat diront, la main sur le cœur, qu'ils ne peuvent pas, que ce n'est pas encore l'heure, qu'il y a encore bien des difficultés et qu'il faut être compétitif.

Eh bien, s'ils ne sont pas capables d'assurer le minimum vital aux travailleurs, qu'ils laissent la place ! Si le système capitaliste n'est pas en mesure de garantir aux exploités leur droit élémentaire à avoir un emploi et à vivre, il faut le renverser ! Comme disait Marx, dans la société capitaliste, les travailleurs n'ont à perdre que leurs chaînes.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 16 septembre

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