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- Lutte ouvrière n°2355
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Leur société
Corbeil-Essonnes : Le système Dassault prend l'eau
Enregistré à son insu par des « collaborateurs » qui venaient se plaindre de ne pas avoir touché leur part du gâteau, Dassault affirme en substance que la source libanaise qui avait servi à payer la campagne était tarie, qu'il avait « donné l'argent », « qu'il ne pouvait plus donner un sou à qui que ce soit ». « Si c'est mal réparti » – continue-t-il – « ce n'est pas de ma faute. Je ne vais pas payer deux fois. Moi j'ai tout payé, donc je ne donne plus un sou à qui que ce soit. Si c'est Younès, dém...-vous avec lui. Moi je ne peux rien faire ». Ces déclarations sonnent comme un aveu ! Ce fameux Younès, « un brave homme », selon Dassault, un « entrepreneur » qui avait pignon sur rue, est aujourd'hui en cavale, soupçonné d'avoir participé à une tentative d'assassinat en février dernier sur deux de ses comparses, mécontents du partage du butin de 1,7 million d'euros, et qui avaient tenté de faire chanter le patron milliardaire.
Voilà des faits qui viennent confirmer... ce que tout le monde savait déjà, à savoir que Dassault avait mis en place un système mafieux, clientéliste, achetant des voix, s'appuyant sur des malfrats pour faire campagne et se faire élire maire de Corbeil en 1995. Puis, lorsque son élection avait été invalidée pour fraude, en 2010, le système Dassault, bien huilé, avait permis à son homme-lige, l'actuel maire, de se faire élire à sa place, avec les mêmes méthodes. Mais voilà, quand le bateau prend l'eau, les rats quittent le navire et balancent tout par-dessus bord. Les malfrats, autrement dit certains « collaborateurs », se tirent dessus en pleine rue, à Corbeil, pour le partage du magot. Ils n'hésitent pas à mordre la main nourricière, balançant tout dans la presse. Dassault est ainsi pris dans le piège d'un système de corruption qu'il a contribué à mettre en place dans la ville, depuis plusieurs décennies.
Dassault est, paraît-il, aux abonnés absents. Bechter, l'actuel maire, chiraquien de la première heure, nie tout en bloc et affirme en substance que les Tarterêts, cité de Corbeil, est une « succursale d'Hollywood » où l'on trouve toutes sortes d'enregistrements, même les faux les plus grossiers. Ne pouvant nier l'évidence, Dassault fait monter au créneau ses avocats qui n'ont pas traîné pour publier dans Le Figaro, propriété de leur client, une belle histoire. Selon eux Dassault aurait été victime de sa propre générosité !
La main sur le cœur (... et sur le portefeuille), le magnat de la presse et de l'armement aurait utilisé « sa fortune pour porter aide ou secours », à « des familles ou à des jeunes en difficulté ou désireux de lancer des projets professionnels ». Mais c'était « toujours en dehors de toute démarche électorale »... Tant de méchanceté autour de ce pauvre Dassault, on en pleurerait presque !