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- Lutte ouvrière n°2351
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Leur société
À Marseille : Misère sociale et pénurie médicale
La mort d'un étudiant à Marseille, victime semble-t-il d'un déséquilibré sans domicile le 9 août dernier, a mis en lumière la situation désastreuse des sans-domicile et les carences graves du système de santé. Depuis, il y a eu de nouvelles victimes de la violence à Marseille, mais l'assassinat de cet étudiant est révélateur de la situation de ces sans-domicile atteints de troubles psychiatriques.
Le quotidien La Provence cite un soignant en psychiatrie : « Des centaines de patients qui vivent sans toit ne sont pas traités. » Le journal s'appuie sur plusieurs études, affirmant que 30 % des sans-abri marseillais, soit le nombre impressionnant de 4 000 personnes, seraient atteints de troubles psychiatriques sévères, liés entre autres aux conditions très rudes de la vie dans la rue et à la consommation d'alcool ou de stupéfiants.
Les populations vivant dans la rue ont le plus grand mal à se faire soigner, et à suivre leurs traitements jusqu'au bout. À plus forte raison les malades psychiatriques. À Marseille, deux petites équipes de psychiatrie, comprenant en tout 15 salariés, vont au contact des sans-domicile malades psychiatriques, dans les foyers, dans la rue, pour les lier à un parcours de soin et à un centre médical. Des effectifs nettement insuffisants. « Nous devons grosso modo suivre 20 % seulement des patients, témoigne un médecin psychiatre de l'hôpital Édouard -Toulouse de Marseille, c'est mathématiquement impossible de faire face à toute cette misère ».
L'auteur présumé du meurtre était sous surveillance médicale et avait fait l'objet d'une demande d'hospitalisation d'office. Mais rien ne laissait présager qu'il puisse commettre un geste aussi grave. Mais comment est-il possible à des personnels soignants, en sous-effectifs, de connaître l'évolution de l'état de santé d'un tel patient, sans domicile et isolé ?
Un psychiatre d'Avignon, réagissant au drame de Marseille, constate une « explosion de l'activité » de son service de psychiatrie, le nombre de cas suivant la courbe ascendante du nombre de chômeurs, affirme-t-il. La crise produit une demande plus forte de soins psychiatriques. Pourtant, le même psychiatre conclut : « Le plus important est de trouver une solution de logement pour stabiliser [les malades] ». Un logement stable, c'est précisément ce qui manque à ces patients.
Chômage, manque de logements, économies dangereuses sur le système de santé : ce drame révèle les conséquences révoltantes des économies réalisées à tout prix dans les hôpitaux, et particulièrement en psychiatrie.