Fin juillet, devant un parterre de journalistes, la direction de la compagnie a appuyé sur l'amélioration du résultat d'exploitation. « Principal indicateur de la performance, commente le quotidien économique Les Échos, il était bénéficiaire de 79 millions d'euros au deuxième trimestre 2013, contre une perte équivalente l'an passée. (...) Et ce, sans hausse des tarifs, uniquement grâce à la baisse des coûts – due principalement aux suppressions d'emplois – de 2,7 % d'avril à fin juin. » La compagnie a aussi mis en valeur l'augmentation de son chiffre d'affaires global et du cash-flow disponible (les fonds en caisse), ainsi que la réduction de sa dette vis-à-vis des banques (900 millions en un an) et la baisse du coût unitaire par passager transporté. Quant aux « baisses d'effectifs et au gel des salaires et des avancements », ils se sont traduits « par une baisse de 1,1 % des charges de personnel sur un an », déplore le quotidien cité, qui estime sans doute que la direction aurait pu voler encore plus au personnel, tout en devant reconnaître que, « une fois encore, les résultats semestriels d'Air France-KLM offrent des raisons d'espérer » pour les actionnaires.

Quelques jours plus tard, mais cette fois dans le but d'inquiéter ses salariés pour les inciter à accepter un nouveau tour de vis, la présentation que la direction a faite au CCE de ces mêmes données avait une tout autre tonalité : résultats d'exploitation et chiffre d'affaires en baisse en France et en Europe, environnement économique dégradé, résultat net négatif qui diminue les capitaux propres et affaiblit la structure financière du groupe, etc.

Qu'un patron puisse dire tout et son contraire n'étonnera pas grand monde. Mais dans ce cas, force est de constater aussi que, si « les chiffres ne mentent pas », comme le rabâchent patrons et gouvernants, la façon dont ils les assaisonnent sert surtout à justifier leurs mauvais coups contre les travailleurs.