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- Lutte ouvrière n°2347
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Dans les entreprises
Doux et Tilly-Sabco : Chantage à l'emploi
Aussitôt après que la Commission européenne a annoncé l'arrêt total, par anticipation, des aides européennes à l'exportation de poulets, les deux groupes agro-alimentaires spécialisés dans cette production, Doux et Tilly-Sabco, ont crié qu'on les étranglait et menaçent de licencier, ce que Doux a déjà fait il y a un an.
Doux et Tilly Sabco, seuls exportateurs européens de volaille congelée vers le Moyen-Orient, bénéficient de subventions pour compenser la différence de compétitivité entre ces producteurs et leurs concurrents mondiaux. Pendant des dizaines d'années, les aides ont représenté une manne pour ces deux groupes volaillers.
Mais il y a un an, Doux était placé en redressement judiciaire, entraînant la suppression d'un millier d'emplois, la liquidation presque totale du pôle frais et la fermeture de certaines usines. Parallèlement Doux décidait de la baisse des prix payés aux fournisseurs. Le principal concurrent de Doux, Tilly-Sabco décidait alors d'imposer une baisse des prix similaire à la centaine d'éleveurs qui travaillent pour lui. L'annonce d'une importante diminution des subventions européennes avait déjà servi de prétexte à ces baisses qui ont entraîné pour les aviculteurs un énorme manque à gagner.
Dans un communiqué, Doux et Tilly-Sabco ont demandé que l'État français prenne « ses responsabilités pour préserver les milliers d'emplois ». Cette menace vise à rappeler les engagements du gouvernement à leur égard. Il y a quelques mois en effet, le gouvernement avait annoncé, par la bouche de son ministre de l'Agriculture, qu'il entendait compenser la perte des aides européennes en faisant bénéficier Doux et Tilly-Sabco du crédit d'impôt compétitivité et emploi (CICE), cette subvention du gouvernement socialiste, présentée comme une solution pour doper la compétitivité des entreprises et soi-disant protéger les emplois.
Comme toutes les subventions, européennes et nationales, celles-ci sont de l'argent public utilisé pour permettre au patronat de maintenir ses profits, mais pas les emplois. 8,5 millions d'euros de bénéfices pour le dernier trimestre 2012 chez Doux, plus de deux millions d'euros pour l'année 2012 chez Tilly-Sabco, l'argent ne manque pas. Il n'y a donc aucune raison pour que les travailleurs soient sacrifiés.